
Le Royaume-Uni se rendait aux urnes jeudi pour élire ses 650 députés et choisir qui, du Premier ministre conservateur sortant David Cameron ou de son opposant travailliste Ed Miliband, remportera un scrutin à suspense et lourd en enjeux.
De Belfast à Cardiff, d'Édimbourg à Londres, 45 millions de Britanniques étaient invités à se rendre dans les 50 000 bureaux de vote disséminés à travers le pays. Ils devaient élire 650 députés et choisir qui, du Premier ministre conservateur sortant David Cameron ou de son opposant travailliste Ed Miliband, remportera un scrutin à suspense.
Les premiers résultats sont attendus aux alentours de minuit, heure française, notamment en Écosse et à Londres. Dans le reste du pays, la tenue en parallèle d'élections locales ralentira le dépouillement et il faudra sans doute attendre vendredi après-midi pour avoir le résultat définitif sur le plan national.
Si le résultat est aussi serré que le prédisent les sondages depuis six mois, David Cameron et Ed Miliband pourraient même tous deux revendiquer la victoire vendredi matin, au sortir de cette élection à un seul tour.
Dans les derniers sondages, conservateurs et travaillistes, qui dans les années 1950 concentraient plus de 95 % des suffrages, ne recueillaient chacun qu'entre 32 % et 35 % des intentions de vote. Insuffisant pour espérer décrocher une majorité absolue.
Le climat de défiance générale envers les politiques a provoqué une fragmentation du paysage qui profite à une multitude de petits partis.
Deux d'entre eux seront particulièrement à suivre lors de ce scrutin et pourraient devenir les "faiseurs de roi". Les "Lib-Dems", qui risquent de perdre la moitié de leurs 57 sièges mais qui restent un partenaire de coalition possible pour les deux grands partis, et surtout le SNP écossais, qui espère un véritable raz-de-marée en Écosse, où les nationalistes comptent rafler une cinquantaine des 59 sièges.
L'enjeu européen
Plus à gauche que le Labour, à qui il promet d'infliger un camouflet sur ses terres du nord, le SNP pourrait ensuite lui donner un coup de pouce au moment de former des alliances, même si les travaillistes ont exclu toute coalition formelle.
Le parti anti-UE Ukip, pénalisé par le mode de scrutin, ne devrait pas peser lourd en revanche. Malgré ses 14 % dans les sondages, les experts lui prédisent entre un et cinq députés.
Au cours d'une campagne particulièrement frileuse, ni David Cameron, 48 ans, ni Ed Miliband, 45 ans, n'auront réussi à susciter un vrai élan d'enthousiasme.
Après une cure d'austérité drastique, le Premier ministre a beau présenter des indicateurs économiques à faire pâlir d'envie ses homologues européens, avec un taux de chômage réduit de moitié (5,6 %) et une croissance insolente (2,8 % en 2014), le sentiment que cette reprise est loin d'avoir profité à tout le monde est profondément ancré dans le pays, qui a assisté avec anxiété à l'explosion de sa pauvreté infantile et de ses banques alimentaires.
>> À lire sur France 24 : "Reportages : le côté sombre du miracle britannique"
Ed Miliband a bâti une grande partie de sa campagne sur la promesse de réhabiliter "les travailleurs ordinaires" face aux "riches et puissants".
L'économie, l'immigration et le devenir du NHS, le service public de santé, ont été les thèmes forts de la campagne. L'enjeu européen n'est apparu qu'en filigrane, mais sera suivi de très près à Berlin, Paris, Varsovie et dans les autres capitales européennes.
Sous pression de l'Ukip et des eurosceptiques de son parti, David Cameron a promis la tenue en 2017 d'un référendum sur le maintien ou la sortie de l'UE en cas de réélection.
Une autre menace de scission pèse : le SNP rêve d'une revanche à la faveur d'un deuxième référendum sur l'indépendance de l'Écosse, son objectif ultime.
Avec AFP