Alors qu'Israël fait état de projets d'attaques sur le sol tunisien, des centaines de personnes sont attendues à Djerba pour le pèlerinage juif de la Ghriba. Les autorités tunisiennes assurent que tout est mis en place pour assurer leur sécurité.
Près de deux mois après l’attaque au musée du Bardo à Tunis, les forces de l’ordre du pays sont sur le qui-vive, alors que des centaines de personnes sont attendues mercredi 6 mai à Djerba pour le pèlerinage juif de la Ghriba, la plus ancienne synagogue d’Afrique.
"Les autorités tunisiennes affirment que toutes les précautions ont été prises et qu’un plan sécurité est en place, mais sans préciser les détails ni le nombre d’agents", a expliqué sur France 24, Camille Lafrance, la correspondante de RFI.
Selon l’AFP, des barrages ont été installés aux accès à l'île de Djerba. Visiteurs et véhicules sont également contrôlés par la police à l'entrée de la Hara Kbira, le "grand faubourg" juif de l'île.
Ces mesures sont une réponse directe à Israël, qui a assuré avoir des informations faisant état de projets d'attentats terroristes contre des objectifs israéliens ou juifs en Tunisie. "Israël a même conseillé de ne pas se rendre en Tunisie. Une agence de voyage israélienne a d’ailleurs annulé la venue d’une cinquantaine de pèlerins, mais des Israéliens sont venus par leur propres moyens, selon des habitants de l’île", a précisé Camille Lafrance.
Moins de pélerins
Ces pèlerins sont toutefois beaucoup moins nombreux que par le passé. Seuls quelques centaines de visiteurs étrangers devraient faire le déplacement cette année. L’attaque du Bardo a ravivé la peur. Le pèlerinage de la Ghriba avait en effet déjà été visé en 2002 par un attentat-suicide au camion piégé qui avait fait 21 morts, revendiqué par Al-Qaïda.
"De l'étranger, on attend à peu près 500 personnes. Avant l'attentat (du Bardo), on s'attendait au retour du pèlerinage (à ses niveaux d'avant 2002). Après l'attentat, c'est tout à fait logique et normal, beaucoup de gens ont eu peur", a ainsi expliqué René Trabelsi, l'un des organisateurs de l'évènement, auprès de médias tunisiens. "On doit rebâtir ce pèlerinage, comme notre tourisme", a-t-il ajouté.
La Tunisie compte aujourd'hui près de 1 500 juifs, contre 100 000 en 1956 avant l'indépendance. La majorité d’entre eux vivent à Djerba. Au cours du pèlerinage de la Ghriba, organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive, les pèlerins prient, allument des cierges et déposent des œufs barrés de vœux dans une cavité au fond de la synagogue. Ils portent ensuite la Menara, pyramide portant les noms des douze tribus, couronnée d’argent, lors d'une courte procession étroitement encadrée par la police.
Avec AFP