logo

Un chef rebelle comparaît de son plein gré devant la CPI

Bahar Idriss Abou Garda, chef d'un groupe rebelle du Darfour accusé d'avoir mené une attaque contre des soldats de maintien de la paix en 2007, s'est présenté volontairement, ce lundi, devant la Cour pénale internationale de La Haye.

AFP - Le chef d'un groupe de rebelles du Darfour, Bahar Idriss Abou Garda, a comparu pour la première fois lundi devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, qui le soupçonne de crimes de guerre pour une attaque contre des soldats de maintien de la paix en 2007.

"La Cour apprécie grandement que vous comparaissiez volontairement. Vous avez lancé un message très positif", a déclaré le juge italien, Cuno Tarfusser, à Abou Garda, assis aux côtés de son avocat, Me Karim Khan.

A la demande du juge, le chef rebelle, âgé de 46 ans, s'est présenté en disant : "je m'appelle Bahar Idriss Abou Garda. Je suis le commandant d'un mouvement de résistance", le Front uni de résistance (URF). "Ma profession est commandant politique", a-t-il ajouté.

Le magistrat a fixé au 12 octobre l'audience de confirmation des charges, pendant laquelle les juges s'assurent de la solidité des preuves de l'accusation avant de renvoyer une affaire en jugement. La comparution du chef rebelle, en costume gris foncé, a duré une trentaine de minutes.

Devant la presse, à l'issue de l'audience, Abou Garda a clamé son innocence : "je voudrais confirmer que je ne suis absolument pas coupable de tous les chefs d'accusation".

"J'ai hâte d'être blanchi", a ajouté le premier suspect à comparaître devant la CPI pour des crimes commis au Darfour, sur lesquels le procureur de la CPI enquête depuis 2005.

La CPI a émis trois mandats d'arrêt pour des crimes au Darfour, notamment contre le président soudanais Omar el-Béchir, qui rejette toute coopération avec la Cour.

"J'appelle Omar el-Béchir et les autres à affronter la justice et à venir affronter la justice ici", a affirmé M. Abou Garda, soupçonné de meurtre, pillage et attaque intentionnelle contre des soldats de maintien de la paix.

Un millier de combattants, dont les troupes d'Abou Garda, ont, selon la CPI, attaqué la base de la Mission de l'Union africaine au Soudan (Muas) à Haskanita, dans le nord du Darfour, le 29 septembre 2007, faisant douze morts.

L'URF nie toute responsabilité dans l'attaque, la plus grave menée contre des soldats de la paix au Darfour, selon le procureur. Cette région de l'Ouest du Soudan est ravagée depuis 2003 par une guerre civile ayant fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés, selon l'ONU. Khartoum reconnaît 10.000 morts.

M. Abou Garda, qui fait l'objet d'une citation à comparaître émise le 7 mai par la CPI, était arrivé dimanche aux Pays-Bas et devrait quitter "dès que possible" ce pays, a-t-il affirmé lundi.

Le 20 novembre 2008, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait demandé à la Cour de délivrer des mandats d'arrêt contre trois chefs rebelles du Darfour pour leur rôle dans l'attaque d'Haskanita, ou des citations à comparaître s'ils acceptaient de se rendre.

Leurs noms étaient restés secrets, tout comme la citation à comparaître de M. Abou Garda. Les juges n'ont encore pris aucune décision concernant les deux autres chefs rebelles.

La Cour avait lancé le 4 mars un mandat d'arrêt contre Omar el-Béchir pour crimes de guerres et contre l'humanité au Darfour.

M. el-Béchir refuse de reconnaître la CPI et de lui remettre le ministre soudanais des Affaires humanitaires, Ahmed Haroun, et le chef de la milice pro-gouvernementale janjawid, Ali Kosheib, sous le coup de mandats d'arrêt depuis mai 2007.