
L’Unesco a remis, dimanche, son prix de la liberté de la presse à Mazen Darwich, président du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression. L’activiste est détenu par les services de sécurité syriens depuis son arrestation en 2012.
Un prix contre l’oubli. En attribuant son prix de la liberté de la presse à Marzen Darwich, l’Unesco a rappelé au régime de Damas que la communauté internationale était attentive au sort de cet activiste, emprisonné depuis plus de trois ans.
Le prix a été remis dimanche 3 mai à son épouse, Yara Bader, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.
Mazen Darwich, défenseur des droits de l'Homme et directeur du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression, est en prison depuis son arrestation avec deux de ses collègues, Hani Al-Zitani et Hussein Ghareer, le 16 février 2012 à Damas lors d'un raid des forces syriennes de sécurité.
Il est détenu dans une prison des services de renseignement de l'armée de l'air syrienne à Damas, selon les ONG qui ont appelé à plusieurs reprises les autorités à les "libérer sans condition".
L'Unesco lui a attribué son prix "en reconnaissance du travail qu'il a accompli en Syrie depuis plus de dix ans, au prix de sacrifices personnels considérables : interdiction de voyager, harcèlement, privation répétée de liberté et torture", a souligné l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, dans un communiqué.
"Marzen Darwich, juriste et défenseur de la liberté de la presse, est le président de Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression, fondé en 2004. Il est également l'un des fondateurs du journal Voice et de syriaview.net, un site d'actualité indépendant interdit par les autorités syriennes. En 2011, il a créé Media Club, le premier magazine syrien consacré aux médias", a rappelé l'Unesco.
"Torturé presque à mort"
Yara Bader, elle-même journaliste, a déclaré à l'AFP en marge de la cérémonie que le prix était important pour sensibiliser l'opinion non seulement au cas de son mari, mais aussi à des "centaines" d'autres, actuellement emprisonnés en Syrie pour avoir exprimé ouvertement leurs opinions.
"Il faut du temps pour apprendre à écouter les gens qui ont des opinions différentes", a-t-elle ajouté, se disant encouragée par l'exemple du journaliste australien d'origine lettone Peter Greste, également présent dimanche à la cérémonie de Riga. Il a été libéré début février après plus de 400 jours passés dans une prison égyptienne, grâce à une campagne de mobilisation mondiale.
"Mazen a déjà pardonné à ceux qui l'ont torturé presque à mort", a déclaré Yara Bader, en dédiant le prix de l'Unesco à ses enfants, dans l'espoir qu'ils grandissent dans une Syrie libre. "Je suis sûre que Mazen sera libéré un jour", a-t-elle indiqué à l'AFP.
Depuis le début, le 15 mars 2011, de la révolte pacifique contre le régime syrien, qui s'est transformée par la suite en une guerre civile sanglante, plus de 200 000 personnes ont été détenues dans les prisons et les locaux des services de renseignements syriens, selon des estimations de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Près de 13 000 sont morts sous la torture et 20 000 sont portées disparues dans les geôles du régime, selon la même source.
Avec AFP