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Défilé du 1er-Mai : faible mobilisation sur fond de désunion syndicale

Comme tous les ans, les syndicats ont appelé à une mobilisation contre les politiques d'austérité en Europe. Mais les vacances, le mauvais temps et la division des syndicats ont clairsemé les rangs des cortèges à travers la France.

Si 100 000 à 200 000 personnes ont participé aux traditionnels défilés du 1er mai 2014, en France, les syndicats n’ont pas réussi cette année à mobiliser autant de monde. Le cortège parisien était clairsemé, comme a pu le constater la journaliste de France 24 Karina Chabour, qui rapporte que les Français n’ont "pas vraiment" répondu à l’appel des organisations syndicales.

"La faute sans doute au mauvais temps, aux vacances mais surtout à cette désunion syndicale qui n’a jamais été aussi forte", souligne-t-elle, alors que la CGT a appelé au rassemblement avec la FSU, Solidaires et l’Unsa. Comme souvent, FO a décidé de faire cavalier seul et la CFDT a organisé de son côté un festival pour les jeunes.

"Quand les revendications ne sont pas partagées, ce n'est pas la peine de faire semblant", a estimé le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, qui tenait meeting à Bordeaux dans la matinée.

Pour son premier 1er-Mai à la tête de la CGT, Philippe Martinez échoue ainsi à transformer l’essai du 9 avril, où 30 000 personnes s’étaient mobilisées à Paris pour dénoncer l’austérité. C’est sous ce même mot d’ordre que les manifestants ont bravé la pluie vendredi, avec les slogans "Assez d’austérité". "Il faut réduire le temps de travail", ou encore "La loi Macron c’est la loi des patrons". "Solidarité internationale des travailleurs pour la paix, le progrès et la justice sociale. Non a l'austérité en Europe", affichait la banderole de tête.

Moins d’un Français sur deux juge les syndicats utiles

Selon un sondage publié jeudi, les syndicats ont fort à faire pour redorer leur image. Si les syndicats sont toujours présents dans tous les conflits sociaux et négociations collectives, moins d'un Français sur deux (45 %) juge qu'ils sont utiles. Et seuls 31 % estiment qu'ils sont représentatifs des salariés.

Depuis 30 ans, le nombre de salariés syndiqués en France a été divisé par deux pour tomber en 2014 à 7,7 % de la population active. L'Hexagone est l'un des pays d'Europe où le nombre de syndiqués est de loin, le plus bas (69 % de travailleurs sont syndiqués en Finlande, 55 % en Belgique et 26 % au Royaume-Uni).

Face à ce constat, Bernard Thibault, qui a dirigé 14 ans la CGT, a estimé qu'il y avait "trop de syndicats en France". "Le syndicalisme français pâtit à la fois de sa division et de la multiplication des acteurs", a-t-il regretté, tout en estimant qu’il restait "important de continuer de marquer le 1er mai".

Appel unitaire contre l’austérité

Les leaders syndicaux ont toutefois rappelé leur attachement à cette tradition. Pour Luc Bérille de l'Unsa, défiler à cette occasion "a encore du sens" et Laurent Berger de la CFDT a assuré qu'il "tenait" à "la fête des travailleurs" qui dénoncera en premier lieu cette année "les politiques d’austérité" en Europe.

Les syndicats entendaient aussi réaffirmer, dans la suite de la vaste mobilisation post-attentats de janvier, qu'ils "sont décidés à défendre" "la démocratie" et "les libertés de pensée et d'expression", sur fond de montée du Front national.

Avec AFP