logo

Selon l'ONU, 8 millions de personnes sont affectées par le séisme qui a dévasté le Népal samedi. Les secours peinent à atteindre les zones les plus reculées et le gouvernement semble dépassé par la catastrophe, qui pourrait avoir fait 10 000 morts.

Au Népal, la stupeur laisse peu à peu place à la colère. Alors que le bilan du séisme qui a dévasté le "toit du monde" le 25 avril a dépassé, selon le dernier bilan officiel, la barre des 5 000 morts (5 027), les autorités népalaises semblent débordées face à une catastrophe dont elles redoutent l'ampleur. Car près de 8 000 blessés ont été dénombrés. Et le Premier ministre népalais Sushil Koirala craint que le bilan définitif n'atteigne les 10 000 morts.

Lors d’une intervention sur iTélé, le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius a évoqué de "fortes présomptions qu’un autre Français ait été emporté par une avalanche (et) sa compagne a été blessée". Il avait annoncé la veille qu'un couple de Français faisait partie des victimes. Laurent Fabius a également mentionné 2 050 ressortissants français "localisés" et "sains et saufs" dans la région.

Si l'aide internationale a commencé à arriver à Katmandou où des secouristes chinois, indiens ou français sondent les décombres pour tenter d'y retrouver un souffle de vie, les répliques à la secousse initiale, qui a atteint la magnitude de 7,9 sur l’échelle de Richter, ralentissent la distribution de l’aide humanitaire aux populations dans le besoin.

"À Katmandou, la colère gagne", témoigne Camille Le Pommelec, envoyé spécial de France 24. Alors que le journaliste assistait à une opération de sauvetage dans un immeuble de la capitale, une femme en larmes lui a confié sa détresse : "Des membres de sa famille avaient survécu au séisme et avaient réussi à la joindre par téléphone pour la supplier de faire venir une équipe pour les sauver. Mais 24 heures ont passé et les policiers népalais, après huit heures d'excavation des gravas, n'ont trouvé que des cadavres".

it

Fuir Katmandou à tout prix

Les besoins sont énormes. Selon l'ONU, 8 millions de personnes sont affectées par le séisme. Plus de 1,4 million de personnes ont en particulier besoin de nourriture. Les hôpitaux vétustes - qui soignent actuellement plus de 6 500 blessés - sont débordés, les vivres et l'eau potable commencent à manquer. Les infrastructures sont plus que fragilisées. Pour la troisième nuit consécutive, nombre d’habitants de Katmandou ont dû dormir sous des abris de fortune, dans les parcs et les rues.

>> À voir sur France 24 : "Des camps de fortune pour les survivants du séisme au Népal"

Craignant les répliques du séisme, la propagation des maladies et la famine, nombre de rescapés ont commencé à fuir la capitale. Alors que des files interminables se formaient lundi à l'aéroport international, des familles entières se pressent dans des autocars et dans des voitures pour rejoindre leur village d'origine et constater les dégâts.

Des villages à l'abandon

Car si l’aide commence à atteindre la capitale, les autorités ont du mal à la faire parvenir dans le reste du pays, peuplé de 28 millions d’habitants. Les axes routiers sont coupés par des glissements de terrain et nombre de localités, privées d’eau et d’électricité, ne bénéficient toujours d’aucune aide extérieure. Pourtant, c'est dans les zones rurales que la situation est la plus dégradée.

"Près de 72 heures après le séisme, certaines régions n'ont toujours pas vu de secouristes, notamment dans le district de Gorka, proche de l'épicentre, où certains villages sont laissés totalement à l’abandon", explique Camille Le Pommelec.

>> À voir sur France 24 : "Au camp de base de l'Everest, il filme l'avalanche qui l'ensevelit"

Le séisme a par ailleurs déclenché une série d'avalanches sur le Mont Everest, où se trouvaient des centaines de personnes en ce début de saison d'alpinisme. Dix-huit personnes ont trouvé la mort sur le toit du monde et des centaines d'alpinistes sont toujours coincés au camp de base.

Le gouvernement népalais dépassé

Les autorités népalaises reconnaissent être dépassées par l’ampleur de la catastrophe et elles ont lancé un appel à l’aide en demandant plus de vivres et de médicaments. "C'est un défi et un moment très difficile pour le Népal", a déclaré le Premier ministre Sushil Koirala, qui assure néanmoins que le gouvernement est "sur le pied de guerre". Lors d'une allocution télévisée, il a également annnoncé lundi que trois jours de deuil avaient été décrétés en souvenir des victimes et il a remercié les donateurs.

Le Programme alimentaire mondial (Pam) de l'ONU prépare une opération "massive" d'aide, et espère envoyer au plus vite un premier avion chargé d'aide alimentaire, a annoncé une de ses porte-parole, Elisabeth Byrs.

Les États-Unis ont annoncé le déblocage de 10 millions de dollars, et l’envoi d’une équipe de 130 personnes spécialisées dans les catastrophes naturelles. Le Japon a annoncé l'envoi de 8 millions de dollars d'assistance humanitaire pour Katmandou. La Grande-Bretagne a elle envoyé des douzaines d'ingénieurs de la célèbre brigade des Gurkhas, des soldats d'origine népalaise au service de la reine d'Angleterre depuis 200 ans, pour venir en aide à leur pays d'origine.

Avec AFP et Reuters