Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a été la cible de vives critiques de la part de ses partenaires européens ce week-end. Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a nommé un coordinateur pour le seconder.
Yanis Varoufakis et Franklin Delano Roosevelt, même combat ? Le ministre grec des Finances s’est en tout cas référé, dimanche 27 avril sur Twitter, au père du New Deal américain pour évoquer l’ambiance qui règne en Europe. "'Ils sont unanimes dans leur haine pour moi – et leur haine me fait plaisir', une citation qui reflète bien ce que je ressens (et aussi la réalité) ces derniers jours", a gazouillé le ministre à l’issue d’un week-end tendu de négociations à Riga, en Lettonie, entre les ministres des Finances de la zone euro.
Le président américain avait visé, en 1936, les forces de "l’argent organisé" qui s’opposaient à son plan de relance censé remettre les États-Unis sur les bons rails économiques. Un combat de l'État contre le monde financier qui fait écho à la posture de Yanis Varoufakis, le représentant du gouvernement anti-rigueur grec.
Feu de l’enfer européen
Une position qui irrite, cependant, de plus en plus les partenaires européens de la Grèce, qui voient désormais en Yanis Varoufakis l’un des principaux obstacles à une solution de la crise grecque. La rencontre à Riga des ministres des Finances de la zone euro semble avoir tourné au "Varoufakis bashing".
"Tous les ministres présents lui ont dit que cela ne pouvait pas continuer comme ça", a commenté, vendredi 24 avril, Luis de Guindos, le ministre conservateur espagnol de l’Économie et des Finances. Une impatience qui a pu donner lieu à quelques débordement verbaux à Riga.
Yanis Varoufakis aurait attiré le feu de l’enfer européen en assurant à ses partenaires qu’il ne fallait pas "pousser le gouvernement trop loin, sinon [il] allait se retirer des négociations". L’un des ministres présents, le Slovaque Peter Kazimir d’après Bloomberg, aurait alors explosé. Il aurait appelé son collègue grec "un amateur, un joueur qui fait perdre son temps à tout le monde".
"Je veux être transparent, la discussion a été tendue", a reconnu Jeroen Dijsselbloem, ministre des Finances néerlandais et président de l'Eurogroupe, sans pour autant évoquer les éventuels noms d’oiseaux qui auraient été échangés entre les participants. Il a ajouté que les négociations sur une solution aux problèmes de liquidité grecs n’avançaient pas et que la "responsabilité reposait essentiellement sur les épaules du gouvernement" du pays.
Photo dans "Paris Match"
Signe supplémentaire de l’isolement grandissant de Yanis Varoufakis sur la scène européenne : il a boudé le dîner de gala qui a suivi, vendredi soir, la première journée de négociations. Mais la star médiatique du gouvernement grec ne serait pas seulement dans le collimateur de ses partenaires européens.
Il commencerait également à en irriter plus d’un à Athènes, croient savoir aussi bien le "Financial Times" britannique que l’agence Bloomberg. "La photo parue dans 'Paris Match', qui le montre avec sa femme sur le balcon de leur appartement avec vue sur l’Acropole", l’aurait largement desservi, juge Bloomberg. "Sa crédibilité en a pris un coup chez lui et d’autres ministres ont pu le lui reprocher", assure le média américain.
Même le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, comprend qu’il y a un souci à régler. Il a décidé, lundi 27 avril, de nommer un nouveau coordinateur de l’équipe grecque chargée de négocier avec les créanciers internationaux du pays (l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international). Il s’agit d’Euclid Tsakalotos, le porte-parole économique du gouvernement, amené à seconder Yanis Varoufakis qui conserve, officiellement, toute la confiance du Premier ministre. Euclid Tsakalotos est surtout connu pour avoir fait ses études économiques à Oxford et pour son "ton diplomatique qui plaît aux représentants des créanciers internationaux", assure l’agence Reuters.
Une sorte d’antithèse à Yanis Varoufakis et à ses allures de rebelle qui ont fait beaucoup pour sa popularité internationale mais ne lui ont pas permis de ramener, pour l’instant, le moindre accord avec Bruxelles sur la poursuite de l’aide financière. Or pour Athènes, le temps presse : le pays doit trouver 880 millions d’euros avant la mi-mai pour rembourser une partie de l’argent avancé par le FMI.