Mustafa Akinci a été élu, dimanche, président de la République turque de Chypre-Nord, autoproclamée, avec 60,5% des voix. La victoire de ce partisan de la réconciliation avec les Chypriotes-Grecs (sud) a relancé les espoirs de réunification de l'île.
Les électeurs dans la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée en 1983, ont un envoyé un message d’espoir, dimanche 26 avril, en élisant à la "présidence" le vétéran de la scène politique Mustafa Akinci (centre-gauche).
Considéré comme favorable à une réconciliation avec la partie chypriote-grecque (sud), il a battu au second tour son rival, le "président" nationaliste sortant Dervis Eroglu avec 60,50 % des voix. Des centaines de personnes se sont rassemblées sur une place de Nicosie pour fêter la victoire de cet ancien maire de la partie nord de la dernière capitale européenne à être divisée. Quelque 64 % des 176 000 inscrits ont participé au scrutin dans ce petit bout de territoire reconnu seulement par Ankara, qui occupe le tiers nord de Chypre.
Désormais, la tâche principale de cet homme politique expérimenté âgé de 67 ans sera de relancer des pourparlers de paix avec les Chypriotes-Grecs, plus de 40 ans après la partition de l'île méditerranéenne, la gestion des affaires internes étant à la charge du gouvernement. "Quand le temps est venu pour le changement, aucun pouvoir ne peut l'arrêter", a déclaré après l'annonce des résultats Mustafa Akinci. Ce dernier a été un fervent partisan de la coopération bi-communautaire lors de ses 14 années en tant que maire.
Reprise des pourparlers en mai
Sa victoire a été saluée par Nicos Anastasiades, le président de la République de Chypre, dont l'autorité ne s'étend que sur la partie sud de l'île, qui s’est réjouit d’un choix "prometteur pour le développement de notre patrie commune". Les deux hommes se sont ensuite parlé au téléphone, faisant part de leur "désir d'une véritable réunification" du pays, selon un second tweet de Nicos Anastasiades. Les deux hommes devraient se rencontrer très rapidement à l'occasion de la reprise des pourparlers de paix, attendue pour mai.
Le mandat du président sortant, Dervis Eroglu, avait été marqué par deux retraits de la table de négociations. La première fois en 2012, lorsque les Chypriotes-Turcs ont rompu le dialogue car Chypre prenait la présidence tournante de l'Union européenne, la seconde en 2014, lorsque les Chypriotes-Grecs sont partis après l'envoi par la Turquie d'un navire sismique dans leur zone économique exclusive (ZEE).
Les pourparlers pour réunifier le pays traînent depuis des années sans enregistrer de véritable percée sur les principaux sujets : le partage du pouvoir, le sort des propriétés spoliées et les ajustements territoriaux. Chypriotes-Turcs et Chypriotes-Grecs sont séparés par une "ligne verte" gardée par les Nations unies depuis l'invasion en 1974 de son tiers nord par la Turquie, en réaction à un coup d'État nationaliste visant à rattacher l'île à la Grèce.
"Nous espérons trouver une solution avant la fin de l'année"
La RTCN, créée en 1983 et sous le coup de sanctions internationales, est uniquement reconnue par Ankara, qui contribue à un tiers de son budget, et finance l'immense majorité de ses infrastructures.
L'envoyé spécial de l'ONU Espen Barth Eide a téléphoné au vainqueur de l'élection et "salué son engagement à reprendre des négociations dès que possible". La Maison Blanche et Ankara ont espéré la semaine dernière que 2015 soit la dernière année de partition de Chypre. Depuis Washington, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a appelé les États-Unis à jouer un rôle actif dans toute reprise des négociations.
"La Turquie et les Chypriotes-Turcs ont la volonté politique de trouver une solution et nous nous tenons prêts, à la table des négociations", a-t-il dit à son homologue américain John Kerry. "Nous espérons trouver une solution avant la fin de l'année".
Avec AFP