Le Français Serge Atlaoui ne fait pas partie de la prochaine liste des condamnés à exécuter qui sera publiée prochainement par Jakarta. Pour les autres détenus, la date des exécutions ne dépend plus que d'un ultime recours tenté par un Indonésien.
Le sort du Français Serge Atlaoui reste incertain. Faisant partie depuis des semaines des neuf étrangers condamnés à mort pour trafic de drogue en Indonésie et dans l'attente d'une exécution imminente, le Français ne figure pas sur la liste qui va être annoncée sous peu, a fait savoir, samedi 25 avril, le parquet général de Jakarta.
Interrogé par l'AFP qui lui demandait si le Français allait être exécuté avec les autres étrangers, parmi lesquels deux Australiens et une Philippine, le porte-parole du parquet, Tony Spontana, a répondu simplement : "Non."
Après avoir annoncé que l'ordre avait été donné de préparer l'exécution des dix détenus (neuf étrangers et un Indonésien), le Parquet général avait indiqué vendredi qu'il attendait toujours une décision de la Cour suprême concernant l'ultime recours d'un Indonésien condamné à la peine de mort.
"Nous espérons que la décision va être rendue le plus vite possible pour que nous puissions fixer le jour J", a déclaré un porte-parole du parquet général, Tony Spontana, en référence à la date des prochaines exécutions. Celles-ci seront notifiées aux condamnés au minimum 72 heures au préalable, a-t-il ajouté.
Un porte-parole de la Cour suprême a déclaré à l'AFP que le recours de l'Indonésien serait examiné lundi.
Mobilisation diplomatique
Les pressions diplomatiques se sont poursuivies ces derniers jours, alors que le président indonésien, Joko Widodo, est resté sourd aux appels à la clémence réitérés notamment par la France et l'Australie. "La France a tout fait, fait tout et fait le maximum pour empêcher" l'exécution de Serge Atlaoui "et c'est le sens des actions de la diplomatie jusqu'à la dernière minute", a ainsi déclaré, vendredi, le Premier ministre français Manuel Valls. "Nous sommes très gravement préoccupés" a ajouté le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
Samedi, le président français François Hollande a également prévenu l'Indonésie que si Serge Atlaoui était passé par les armes, il y aurait "des conséquences avec la France et l'Europe parce qu'on ne peut pas accepter ce type d'exécutions".
Enfin, samedi soir, le secrétaire générale de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté le gouvernement indonésien à "ne pas exécuter" les dix condamnés à mort. "Selon la législation internationale, au cas où la peine de mort est en vigueur, elle ne devrait être appliquée que pour les crimes les plus graves comme les meurtres avec préméditation, et seulement en l'accompagnant des garanties appropriées", fait valoir l'ONU dans un communiqué. "Les infractions liées à la drogue ne sont pas considérées généralement comme entrant dans cette catégorie des crimes les plus graves". "Rappelant que les Nations unies sont opposées à la peine de mort en toutes circonstances, le secrétaire général exhorte le président (indonésien) Joko Widodo à envisager d'urgence la possibilité de déclarer un moratoire sur la peine de mort en Indonésie, avec pour objectif de l'abolir", ajoute le communiqué.
Dans une lettre adressée jeudi à son homologue indonésienne, dont l'AFP a eu une copie, le Quai d'Orsay a dénoncé "de graves dysfonctionnements de la justice indonésienne". Il a été victime d'un "traitement expéditif" et a été "condamné à mort par une décision qui comporte des affirmations erronées", a déploré le ministre français, réclamant à nouveau un "geste de clémence" pour le condamné.
Des responsables consulaires "invités à l'Alcatraz indonésien"
De son côté, la ministre des Affaires étrangères australienne, Julie Bishop, a déclaré vendredi soir à Bruxelles : "Je crains le pire". "Je crains que l'Indonésie ne veuille procéder à l'exécution des deux citoyens australiens. Je suis fortement et profondément préoccupée", a-t-elle dit. Et pour cause, vendredi, les autorités indonésiennes ont demandé à des responsables consulaires de pays concernés par les exécutions (Australie, Brésil et Philippines), de se rendre ce weekend au complexe pénitentiaire de Nusakambangan, "l'Alcatraz indonésien". Un signe qui laisse entendre que les exécutions sont imminentes.
Âgé de 51 ans, le Français Serge Atlaoui, qui a passé dix années en prison en Indonésie pour "trafic de stupéfiants", clame son innocence. Il affirme qu'il n'a fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique, et qui abritait en réalité une fabrique clandestine d'ecstasy.
"Serge n'est pas un baron de la drogue, Serge n'est pas un trafiquant de drogue. C'est juste un artisan soudeur qui est parti là-bas pour installer des machines, tout en étant naïf", a déclaré sur iTELE son frère André.
Avec AFP et Reuters