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Le procureur de Paris François Molins a révélé, mercredi lors d’une conférence de presse, que l'homme soupçonné d'avoir tué une femme et fomenté un attentat contre des églises de la banlieue parisienne avait un contact en Syrie.

L’enquête avance sur le projet d’attentat déjoué en banlieue parisienne, et la piste de possibles ramifications entre le suspect et des complices en France et en Syrie se confirme. Le procureur de Paris, François Molins, a révélé mercredi 22 avril lors d’une conférence de presse que l’homme arrêté dimanche, Sid Ahmed Ghlam, un étudiant en électronique algérien de 24 ans, avait eu des liens récurrents avec une personne "pouvant se trouver en Syrie".

L'analyse du matériel informatique saisi au domicile et dans la voiture du suspect a permis d'établir que ce dernier échangeait avec un contact sur les modalités pour commettre un attentat et qu’il lui avait été explicitement demandé de "cibler une église", a expliqué le procureur. Les perquisitions au domicile parisien de cet étudiant en électronique ont également permis de retrouver, outre de l'armement et du matériel de vidéo, des "documents en langue arabe évoquant les organisations terroristes Al-Qaïda et État islamique", a poursuivi François Molins.

"Si le procureur reste prudent sur les motivations derrière ce projet, on a déjà un certain nombre d’indications, analyse Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes à France 24. L’arsenal guerrier, les documents écrits et le contact en Syrie nous laissent imaginer que les motivations étaient religieuses, suivant les incitations d’un groupe déjà établi en Syrie."

Les zones d’ombre

L’enquête devra lever un certain nombre de questions toujours en suspens, notamment en ce qui concerne le degré d’implication du contact en Syrie. "Est-ce que le projet d’attentat était seulement encouragé par le contact en Syrie ou commandité par une organisation ou une autre ? Cela reste à démontrer", note Wassim Nasr qui précise aussi que l’identité du contact reste inconnue. "On ne sait pas si ce contact était un Syrien, un Français ou un Algérien. Cela peut être une connaissance d’ici ou un contact fait via Internet."

Par ailleurs, l’importance de l’arsenal militaire laisse penser que le suspect pourrait avoir des complices en France. D’après l’énumération de François Molins, la police a retrouvé, dans le véhicule de Sid Ahmed Ghlam, un fusil d'assaut kalachnikov et trois chargeurs de munitions, un pistolet sig 9mm, un revolver sphinx 9mm, un gilet pare-balles et un gilet tactique. Lors de la perquisition à son domicile, une chambre universitaire dans le XIIIe arrondissement parisien, trois fusils d’assaut kalachnikov, un chargeur non approvisionné, une cartouchière vide, des gilets pare-balles et des gilets tactiques ont été saisis.

L'enquête devra étudier d'éventuelles complicités et déterminer "les sources de financement et la provenance des armes saisies", estime François Molins. Le Premier ministre français insiste lui sur la nécessité de déterminer les réseaux du suspect. "Ce qui est en jeu dans une enquête comme celle-ci, ce sont les capacités de la France à comprendre les ramifications pour déjouer une attaque et mettre ses responsables hors d’état de nuire", a déclaré Manuel Valls lors d'une visite aux églises de Villejuif, visées dans l'attentat. 

Un étudiant algérien fiché 

Les premières analyses balistiques, génétiques et de géolocalisation téléphonique mettent également en cause le jeune homme dans le meurtre d'Aurélie Châtelain. Cette Nordiste de 32 ans, arrivée samedi en banlieue parisienne pour suivre un stage professionnel, a été tuée par balles dimanche matin et son corps retrouvé dans sa voiture en feu à Villejuif.

Cet Algérien de 24 ans, qui a vécu une première fois à Saint-Dizier, en Haute-Marne, de 2001 à 2003, avant de rejoindre l’Algérie, d’où il était revenu en 2010 le bac en poche, avait été signalé "il y a quelques mois" pour ses velléités de départ en Syrie. S’il n’avait pas de condamnation sur son casier judiciaire, a précisé François Molins, il faisait l’objet d’une fiche sûreté de la Direction générale de la sécurité intérieure.

Plusieurs perquisitions et interpellations ont été réalisées depuis dimanche dans son entourage et sa famille, dont certains membres sont acquis à la cause de l'islam radical, selon des sources policières. Une proche a été interpellée mercredi à Saint-Dizier et placée en garde à vue, a par ailleurs confirmé, sans plus de détail, François Molins. Selon une source proche de l'enquête, il s'agit d'une femme de 25 ans.

En garde à vue depuis dimanche, le suspect a fait des déclarations "fantaisistes" à la police avant de s'enfermer dans le mutisme, a détaillé le procureur. Sa garde à vue devrait être portée à six jours, une durée dérogatoire prévue notamment en cas de risque d'action terroriste imminente.

Avec AFP et Reuters