Le trio d’actionnaires du "Monde", Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse, a choisi. Alors que trois candidats s’étaient présentés pour la direction du journal, c’est un non-candidat, Jérôme Fenoglio, qui a été proposé.
La méthode a de quoi surprendre. Vendredi 17 avril, autour de 18 h, les salariés du journal ont appris, par un mail envoyé par le trio d’actionnaires du groupe "Le Monde", le nom de celui qui sera soumis à leur approbation.
Il ne s’agissait pourtant d’aucun des trois candidats officiels, Gilles van Kote - directeur intérimaire du "Monde" depuis mai 2014, après le départ houleux de Natalie Nougayrède -, Christophe Ayad, chef du service International, et Jean Birnbaum, actuel responsable du "Monde des Livres". Si tous trois avaient été auditionnés dans la semaine pour le poste de directeur du journal, c’est Jérôme Fenoglio, l’actuel directeur des rédactions, non-candidat, qui a finalement été choisi par le trio.
"Au terme des auditions et après consultations, et malgré les grandes qualités de chacun des candidats et du bilan très positif de l'intérim assuré par Gilles van Kote, les trois actionnaires ont demandé à Jérôme Fenoglio de se porter candidat", indique le courriel envoyé le 17 avril aux salariés.
Jérôme Fénoglio, 48 ans est entré au journal en 1991. Il y a successivement été reporter au service Sports, puis Société, puis Sciences. Il également été rédacteur en chef du "Monde 2" de 2007 à 2009, année où il est devenu grand reporter. Il sera ensuite rédacteur en chef au Monde.fr de 2011 à 2014. En tant que directeur des rédactions du "Monde" depuis 2014, "Feno" comme on peut l’appeler dans la rédaction, était le numéro deux de Gilles van Kote.
Désaveu de Gilles van Kote ?
Au début du processus de recrutement, Gilles van Kote était probablement le choix initial des deux actionnaires Xavier Niel et Matthieu Pigasse. C’est ce qu’il estime en tout cas, a-t-il indiqué à France 24. Mais le troisième actionnaire, Pierre Bergé, s’opposant à sa nomination, a forcé les deux autres à trouver un autre choix, le sien probablement. La compatibilité print-web de celui qui a dirigé LeMonde.fr a été mise en avant pour justifier cette décision.
C’est un coup dur pour Gilles van Kote, qui, après avoir dirigé la Société des rédacteurs du "Monde" (SRM), avait pris la direction par intérim en mai 2014 et maintenu les résultats du titre (print et numérique). Il semble toutefois soutenir Jérôme Fenoglio et se réjouit d'un choix qui se porte sur un journaliste et préserve les intérêts du quotidien.
Si le nom de Jérôme Fenoglio doit être officiellement présenté lundi par le trio au Conseil de surveillance du "Monde", il devra encore, pour accéder au poste, obtenir les voix de 60 % des salariés du journal.
La présentation d’un candidat unique au vote des salariés n’est pas nouvelle. Mise en place dans les années 1990, cette méthode a été utilisée pour la nomination de Natalie Nougayrède en mars 2013 après le brusque décès d’Érik Izraelewicz. Sauf qu’alors, celle-ci était candidate.
Le choix de Jérôme Fenoglio ne semble avoir pour le moment provoqué aucune levée de boucliers au sein de la rédaction du "Monde".