logo

Correspondant à Bangkok – Un jugement de la Cour constitutionnelle thaïlandaise attendu ce mardi, pourrait signifier la fin de l'actuel gouvernement. Il y a quelques heures, l’aéroport de Bangkok a été visé par un attentat. Bilan provisoire : un mort et 20 blessés.

Retrouvez aussi le témoignage d'une touriste française bloquée à l'aéroport de Bangkok en cliquant ici.

AFP - Les opposants thaïlandais ont évacué lundi le siège du gouvernement qu'ils occupaient depuis plus de trois mois, affirmant vouloir renforcer le blocus des aéroports de Bangkok qui a déjà empêché environ 350.000 passagers de quitter le royaume depuis près d'une semaine.

Quelques heures après cette évacuation, tôt mardi matin, une personne a été tuée et vingt manifestants qui occupaient l'aéroport national de Bangkok ont été blessés par l'explosion d'une bombe tôt mardi matin, a annoncé le site internet du journal La Nation, citant des sources hospitalières.

L'attentat à l'aéroport Don Mueang est survenu quelques heures après que l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), qui regroupe des opposants au gouvernement du Premier ministre Somchai Wongsawat, eut mis fin à trois mois de blocus du siège du gouvernement.

De premières informations avaient fait état de six blessés: "Il y a eu un attentat à la bombe à Don Mueang juste après minuit (17Hh00 GMT). Les premières informations font état de six blessés", avait déclaré un porte-parole des services de sécurité.

Le site de La Nation n'a pu immédiatement préciser si la personne tuée dans l'attentat faisait partie des manifestants.

Les manifestants ont déclaré qu'ils quittaient le siège du gouvernement en raison des récentes attaques à la grenade dont ils ont été la cible sur le complexe abritant les bureaux du Premier ministre et qui ont fait deux morts et des dizaines de blessés dans leurs rangs.

   
"Nous allons nous rendre aux aéroports de Don Mueang et Suvarnabhumi", a annoncé à l'AFP une porte-parole de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), Anchalee Paireerak. La PAD regroupe des opposants au gouvernement du Premier ministre Somchai Wongsawat, retranché dans son fief électoral de Chiang Mai (700 km au nord de Bangkok) en raison des troubles.

Le campement établi le 26 août par les opposants avait forcé M. Somchai à aménager en septembre des bureaux temporaires à l'aéroport de Don Mueang (vols intérieurs).

Les manifestants antigouvernementaux se distinguent généralement par des tee-shirts et des chemises de couleur jaune, en signe d'allégeance au roi.

La PAD avait commencé mardi dernier à occuper les aéroports civils de Bangkok, ce qui avait entraîné leur fermeture et constitué une escalade majeure dans la crise thaïlandaise qui dure depuis des mois.

Alors que la PAD annonçait son repli stratégique, environ un millier de partisans du gouvernement sont restés mobilisés devant le siège de l'administration métropolitaine de Bangkok. La veille, ils avaient été 15.000, vêtus de rouge, à entamer un rassemblement à cet endroit, selon la police.

Le "camp des rouges" pourrait décider de manifester mardi devant la Cour constitutionnelle qui doit boucler un dossier susceptible d'aboutir à la dissolution du parti au pouvoir et de deux formations alliées pour fraude électorale.

La police a sollicité l'assistance de l'armée pour prévenir toute obstruction de l'audience de mardi, a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée, le colonel Sunsern Kaewkumnerd.

Redoutant un verdict négatif de la cour, les partisans du gouvernement ont d'ores et déjà mis en garde contre cet éventuel "coup d'Etat déguisé" qui pourrait pousser M. Somchai vers la sortie.

Somchai Wongsawat est le beau-frère de l'ancien homme fort de la Thaïlande Thaksin Shinawatra, renversé par l'armée en septembre 2006 à la suite d'accusations de corruption.

Les lieutenants de M. Thaksin sont revenus au pouvoir à la faveur d'élections législatives en décembre 2007 qui ont mis fin à 15 mois d'administration militaire. Les plaintes pour fraude sur lesquelles la Cour constitutionnelle doit se pencher cette semaine concernent ce scrutin.

La Thaïlande s'enfonce depuis le printemps dans une crise politique qui a pris une tournure violente ces dernières semaines après une série d'affrontements qui ont fait au total six morts et plusieurs centaines de blessés depuis la fin août.

Le tourisme a particulièrement pâti de la crise et le blocus des aéroports a entraîné des pertes qui se chiffrent en milliards de dollars.

Environ 350.000 passagers, touristes étrangers ou Thaïlandais, n'ont pu quitter la Thaïlande depuis mardi dernier, selon le ministère du Tourisme.

Des compagnies aériennes et des gouvernements étrangers organisent depuis quelques jours des évacuations depuis une base militaire à 190 kilomètres au sud-est de Bangkok et depuis les petits aéroports internationaux de Phuket (sud) et Chiang Mai (nord).

Plus de 1.600 Français sont en attente d'un départ "dans les prochains jours", a dit lundi l'ambassade de France à Bangkok, assaillie de plaintes et de requêtes.

La direction d'Air France a indiqué que près de 800 touristes, dont de "nombreux Français", allaient pouvoir quitter la Thaïlande à partir de Phuket lundi et mardi à bord de deux vols des compagnies KLM et Air France.