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Aung San Suu Kyi jugée lundi, son médecin libéré

À la veille de l'ouverture du procès d'Aung San Suu Kyi (photo) à Rangoun, son médecin - lui aussi incarcéré depuis dix jours à cause de l'intrusion d'un Américain au domicile de l'opposante birmane - a été libéré samedi.

AFP - La dirigeante de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi protestera de son innocence à son procès prévu lundi en prison où elle sera jugée pour avoir laissé un étranger séjourner chez elle en violation des restrictions de son assignation à résidence, a indiqué dimanche son parti.

La Nobel de la paix a rencontré son avocat Kyi Win samedi dans le complexe de la prison d'Insein, au nord de Rangoun, où elle a été transférée jeudi dernier et inculpée en liaison avec l'intrusion bizarre d'un mormon américain, John Yettaw, dans la demeure où elle était maintenue en quasi-isolement depuis 2003.

Mme Suu Kyi, âgée de 63 ans, qui a été privée de liberté pendant la majeure partie des 19 dernières années, est passible de cinq ans de prison si elle est condamnée pour l'affaire Yettaw, ce qui l'excluerait du paysage politique pendant les élections controversées que la junte entend organiser en 2010. La période d'assignation à résidence de l'opposante expirait théoriquement le 27 mai.

Un porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), principale formation d'opposition au régime militaire, a déclaré dimanche que Kyi Win et Aung San Suu Kyi avaient discuté "des accusations" portées contre elle et que la dirigeante avait "souligné qu'elle n'avait commis aucun crime et qu'elle était prête à en parler devant la Cour".

"Elle lui a demandé de dire aux amis et collègues qu'elle était en bonne santé", a précisé à l'AFP ce porte-parole, Nyan Win.

Aung Thein, autre avocat de la LND qui s'était porté volontaire pour défendre Mme Suu Kyi, a déclaré samedi avoir reçu une lettre des autorités le suspendant du barreau pendant quatre mois pour avoir prononcé des propos jugés insultants à l'encontre de la justice.

En revanche, le docteur Tin Myo Win, médecin personnel de Mme Suu Kyi, a été remis en liberté samedi soir, a annoncé dimanche sa famille.

Tin Myo Win avait été arrêté le 7 mai, le jour où les autorités avaient révélé l'affaire Yettaw et où de vives inquiétudes avaient été exprimées quant à l'état de santé de la figure de proue de l'opposition, placée à deux reprises sous perfusion les 8 et 11 mai par une assistante médicale après avoir souffert d'hypotension et de déshydratation.

Les Etats-Unis avaient exigé que Mme Suu Kyi puisse voir son médecin personnel et la France avait tenu les autorités birmanes pour responsables des conditions de détention de l'opposante et de toute nouvelle dégradation de sa santé.

Pendant le week-end, une organisation de dissidents birmans basée aux Etats-Unis, US Campaign for Burma, a déclaré s'être procuré le rapport de police sur l'affaire Yettaw.

Ce document fait état de deux visites de l'Américain, ancien de la guerre du Vietnam et adepte de l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours: la première le 30 novembre 2008 lorsqu'il aurait laissé à Mme Suu Kyi le Livre de Mormon, la seconde entre les 3 et 5 mai derniers au cours de laquelle l'opposante est accusée de lui avoir offert de la nourriture et de l'avoir laissé séjourner chez elle avec la complicité de ses deux employées de maison, Khin Khin Win et Win Ma Ma.

Outre Mme Suu Kyi, ses deux dames de compagnie et John Yettaw doivent être jugés lundi.

Depuis la semaine dernière, la Birmanie, pays gouverné par des généraux depuis 1962, est sous forte pression occidentale pour libérer la dirigeante de l'opposition.

Mais peu de pays asiatiques montent au créneau et, au sein de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), seuls Philippines, Indonésie, Singapour et Thaïlande ont osé s'élever contre les derniers développements.

La Birmanie est membre de l'Asean, mais le secrétariat de cette organisation n'a diffusé aucune déclaration. Chine et Inde sont également restées silencieuses.