Les ministres allemand, français, ukrainien et russe des Affaires étrangères ont exprimé lundi à Berlin leur "vive inquiétude" sur la situation en Ukraine où les combats se poursuivent en dépit des accords de Minsk II conclus en février.
Les ministres de la diplomatie allemande, française, russe et ukrainienne ont exprimé lundi 13 avril leur "vive inquiétude" sur les violations du cessez-le-feu en Ukraine. Dans un texte diffusé à l'issue d'une longue réunion à Berlin, les chefs des Affaires étrangères ont par ailleurs appelé à la fin des combats et au dialogue politique, dans un communiqué commun.
"Nous exprimons notre vive inquiétude au sujet des combats survenus ce week-end, notamment avec l'engagement d'armes lourdes près de Chirokiné et de l'aéroport de Donetsk. Nous appelons toutes les parties à cesser les combats", ont déclaré les quatre ministres du format dit "Normandie".
Ils ont appelé au "retrait des armes lourdes" mais aussi au retrait des "mortiers, armes lourdes d'un calibre inférieur à 100mm ainsi que de tous les types de chars". Ils ont, par ailleurs, annoncé leur volonté de mettre en place "quatre groupes de travail aussi vite que possible au sein du groupe de contact trilatéral" qui regroupe l'Ukraine, la Russie et l'OSCE. Ils devront plancher sur "la sécurité, le processus politique, les questions humanitaires et les affaires économiques" dans la zone de conflit.
"Rien n'est facile dans la crise ukrainienne"
Cet appel va "au delà" de l'accord de Minsk signé en février, a affirmé le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, en commentant le résultat de la réunion devant des journalistes. Il a également insisté sur l'importance de travailler à l'organisation d'élections locales dans l'Est de l'Ukraine. Le ministre allemand a souligné que la discussion de lundi soir avait été "très longue, très intense, et en partie très conflictuelle".
"Rien n'est facile dans la crise ukrainienne, ce n'est pas nouveau", a-t-il lâché, tout en soulignant qu'il n'y avait "pas d'alternative" au dialogue politique.
Les résultats de la rencontre de Berlin seront largement discutés lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 mardi soir et mercredi à Lübeck (nord de l'Allemagne), alors que les tensions sur le terrain ont gagné en intensité ces derniers jours.
Intensification des combats
La mission de surveillance de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), présente dans la zone de conflit, a fait état "du renouvellement de combats intenses près de Donetsk et à Chirokiné", à 10 km du port stratégique de Marioupol, dernière grande ville dans la zone de conflit sous contrôle de Kiev.
Le 12 avril, l'OSCE a "enregistré 1 166 explosions, provoquées principalement par des tirs d'artillerie et de mortier" près de Donetsk, où des combats faisaient rage avec notamment chars et artillerie lourde.
A Lougansk, la situation s'est aussi "largement détériorée", selon les autorités locales, fidèles à Kiev. "Dans plusieurs zones, il y a eu des affrontements militaires et aussi des tirs à l'arme automatique et à l'aide de chars", a indiqué le gouverneur pro-Kiev de la région, Guennadi Moskal.
6000 morts
Selon l'OSCE, les armes utilisées par les "deux parties durant les affrontements" étaient d'un calibre supérieur à 100 mm. Or, selon les accords de Minsk 2, signés le 12 février et prévoyant une nouvelle trêve, un retrait de ce type d'armes aurait dû être effectué le long de la ligne de front pour créer une zone tampon de 50 à 140 km.
Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d'armer les rebelles pro-russes de l'Est et d'y avoir déployé des troupes régulières, ce que la Russie nie farouchement. Le conflit ukrainien a fait plus de 6 000 morts en un an.
Avec AFP