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Candidature de Paris aux JO : gabegie financière ou poule aux œufs d’or ?

La ville de Paris est officiellement candidate à l’organisation des Jeux olympiques 2024, dont le budget prévisionnel est estimé à 6 milliards d’euros. Un chiffre "largement sous-estimé" selon les détracteurs du projet.

"Comptez sur nous pour que le projet olympique soit responsable", a promis Tony Estanguet, ancien sportif et membre du Comité international olympique (CIO), lundi 13 avril, dans les couloirs de l’Hôtel de Ville parisien. Le Conseil de Paris venait tout juste d’approuver, à une large majorité, la candidature de la Ville de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Et le 23 juin, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a officiellement lancé la campagne en insistant sur la "sobriété financière
et écologique" de la candidature parisienne.

"Le CIO a vraiment à cœur de montrer qu’on peut organiser de grands Jeux olympiques sans dépenser beaucoup d’argent. Le CIO a besoin d’ancrer ce message et Paris peut montrer ce chemin là", selon le triple champion olympique de canoë. Tony Estanguet a bien senti le pouls : si le projet d’une candidature parisienne emballe une majorité d’élus, toutes couleurs politiques confondues, le coût que peut engendrer un tel événement planétaire suscite quelques inquiétudes dans un contexte économique  de rigueur budgétaire.

JO 2024 : Feu vert du Conseil de Paris pour une candidature de la ville

Retombées économiques positives

Pour un pays organisateur, les JO sont d’abord synonymes de retombées économiques. "Derrière les Jeux olympiques, il faut voir des milliers de logements construits, l'amélioration du réseau de transports en commun, l'accélération de la transition écologique", estime Anne Hidalgo devant les conseillers de Paris, en savourant cette candidature qu’elle a finalement appelée, après s’être montrée un temps hésitante.

>> À lire sur France 24 : "La Seine-Saint-Denis, atout force de la candidature de Paris aux JO 2024"

Les supporters du projet ont tous l’exemple de Londres 2012 à la bouche. Le gouvernement britannique a assuré que les JO, qui ont coûté 9,9 milliards de livres (11,4 milliards d’euros), avaient permis un bénéfice de 13 milliards de livres (16,5 milliards d'euros) grâce aux contrats commerciaux, investissements en provenance de l’étranger et ventes diverses. En parallèle, des dizaines de milliers d’emplois auraient été créés.

"Si on fait le bilan d’une candidature comme celle de Londres, il est très largement positif. Ça a eu un effet de booster formidable. À Paris, il faut arriver à une candidature sobre dans sa mise en œuvre et positive dans ses retombées", déclare à France 24 la vice-présidente déléguée de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui s'est prononcée en faveur de cette candidature. "Je souhaite une candidature sobre qui nous ramène à l’esprit originel des Jeux. L’olympisme, ce n’est pas le luxe, pas le show-off, ni le déploiement sans fin de moyens. Ce sont des valeurs et des vertus qui ne sont pas loin de la sobriété", a poursuivi la conseillère de Paris.

Un projet low cost ?

Mais d’aucuns redoutent que la sobriété ne soit pas compatible avec un événement qui a, quasi systématiquement, dépassé les budgets prévisionnels. Les Verts et le Parti de gauche ont voté contre le projet, redoutant les dérives du "gigantisme". "Le coût nous semble très largement sous-dimensionné et les bénéfices attendus très surdimensionnés. On a un certain nombre d’interrogations sur la balance coûts/bénéfices pour la ville de Paris et la région Île-de-France", explique à France 24 David Belliard, coprésident des Verts, qui dit "regretter cette candidature" tout en assurant resté mobilisé pour éviter "une gabegie financière".

Élue du Front de gauche, Danielle Simonet est plus radicale : "Le budget sera explosé comme il a été multiplié par 10 pour les JO en Grèce, par trois pour Londres, je ne vous dis même pas pour la Russie !", tempête-t-elle. "Pas une région organisatrice des JO n’a pu démontrer qu’il y avait des retombées en termes de hausse de rémunération des salariés ou de création d’emplois. Ça n’est pas un bon levier de développement économique, c’est un gouffre financier", poursuit-elle, plus remontée que jamais après l’approbation du Conseil de Paris, à laquelle, bien sûr, elle n’a pas joint sa voix.

Le "rapport d’opportunité", remis en grande pompe dans les salons de l’Hôtel de Ville au moins de février par Bernard Lapasset, le président du Comité français du sport international (CFSI), estimait le coût de l’événement à 6,2 milliards d’euros. Volontairement présenté comme raisonnable, le montant total, qui inclut l’organisation de l’événement et la construction des infrastructures, est bien en-deçà des 11,4 milliards d'euros de Londres 2012 ou des 30 milliards de Pékin 2008.

La note de synthèse insiste sur le fait que "les jeux financent les jeux". Trois milliards seront en effet financés, d’une part, grâce à un "financement direct du CIO – un peu plus d’un milliard de dollars – et d’autre part grâce aux revenus du comité d’organisation liés à la billetterie et au programme marketing". L’autre moitié sera financée par des investissements publics et privés.

Un projet qui s’appuie sur les infrastructures existantes

Pour Jean-François Martins, chargé des questions relatives au sport et au tourisme à la Ville de Paris, ce budget a minima peut-être tenu car il s’appuie sur des infrastructures existantes, telles que le Stade de France, Roland Garros ou le stade de la Bercy Arena, dont la rénovation sera finalisée en 2015. "Cela nous permet de construire une candidature avec des équipements que les sportifs du monde entier connaissent et aiment, et de porter une candidature qui est dans la sobriété budgétaire", estime-t-il.

La candidature de Paris s’appuie également sur des projets d’investissements déjà envisagés dans le cadre du développement du Grand Paris, notamment dans le domaine des transports. Le Grand Paris express, par exemple, qui doit relier, d’ici à 2024, la capitale à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, en passant par le Stade de France. Reste à financer la piscine, le village olympique et le centre de médias. Mais Jean-François Martins reste confiant : "En se calant sur des investissements déjà planifiés, on va pouvoir être capables de maîtriser le coût de ces opérations."