Le président russe a signé lundi un décret levant l'interdiction de livrer des missiles S-300 à l'Iran. Une décision prise alors que les négociations sur le nucléaire iranien se poursuivent. Les États-Unis et Israël ont exprimé leur inquiétude.
L’interdiction faite à Moscou de livrer à l’Iran des missiles S-300 a été levée lundi 13 avril après la signature d’un décret du président russe Vladimir Poutine dans ce sens. Le communiqué publié par le Kremlin ne dit rien de la vente ou de la possibilité immédiate d'une livraison de missiles S-300. Mais le décret présidentiel ouvre en théorie la voie à de possibles livraisons par voies maritime, terrestre et aérienne.
Le secrétaire d'État américain John Kerry a fait part au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov de l'inquiétude de Washington à la suite de cette décision, a annoncé le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest. Israël s'est également élevé contre la décision russe par la voix de son ministre des Renseignements, Youval Steinitz. "Au lieu d'exiger de l'Iran de cesser ses activités terroristes auxquelles il se livre au Moyen-Orient et dans le monde, on lui permet de s'équiper d'un armement moderne, ce qui ne peut que renforcer son agressivité", a expliqué ce proche du Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Fritures sur la ligne Moscou-Téhéran
Alors que la Russie et l’Iran avaient signé un accord en 2007 en vue de la livraison de ces missiles capables d'intercepter en vol des avions ou d'autres missiles, la Russie avait décidé en 2010 de respecter la résolution de l'ONU sur de nouvelles sanctions infligées au pays des mollahs en raison de son programme nucléaire controversé.
L’Iran, furieux de la rupture de ces contrats qui représentaient 800 millions de dollars, avait porté plainte contre l'entreprise publique russe chargée des exportations d'armements, Rosoboronexport. Le pays réclamait même à Moscou un dédommagement de 4 milliards de dollars.
Conséquence de l'accord du 2 avril
La situation a évolué le 2 avril dernier lorsqu’après des mois de négociations, l'Iran et le groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) sont tombés d'accord sur les grandes lignes d'un accord pour imposer des contrôles plus stricts sur le programme nucléaire de Téhéran.
Depuis, Sergueï Riabkov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que la Russie avait commencé à livrer des céréales, des biens d'équipement et des matériaux de construction à l'Iran, contre du pétrole, dans le cadre d'un accord de troc. Il s'est également prononcé pour la levée de l'embargo sur les armes qui vise l'Iran, une fois conclu un pacte définitif sur le nucléaire. Les négociateurs se sont fixé jusqu'au 30 juin pour parvenir à un tel accord.
Avec AFP et Reuters