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Attentats de Boston : début des délibérations dans le procès de Djokhar Tsarnaev

Les jurés entament mardi leurs délibérations dans le procès des attentats de Boston. La défense de Djokhar Tsarnaev, accusé d'avoir perpétré l'attaque, espère obtenir la perpétuité pour ce musulman d'origine tchétchène qui risque la peine de mort.

Djokhar Tsarnaev a-t-il agi de sang-froid ou était-il un adolescent égaré sous la coupe de son frère ? Les jurés au procès des attentats de Boston vont devoir trancher. Ce mardi 7 février au matin, ils doivent commencer leurs délibérations. 

Le jeune musulman d'origine tchétchène, âgé de 21 ans, risque la peine de mort pour ces attentats qui avaient fait trois morts et 264 blessés le 15 avril 2013 lors du marathon de Boston, le pire acte de terrorisme commis sur le sol américain depuis le 11 septembre 2001.

Chemise à col ouvert et veste sombre, Djokhar Tsarnaev n'a pas montré la moindre émotion lundi, écoutant, souvent tête baissée, les dernières déclarations des procureurs, puis de la défense, lors de cette première phase de son procès qui avait commencé le 4 mars.

>> À lire sur France 24 : "Tsarnaev a plaidé non coupable pour éviter la peine de mort"

"Maximiser la terreur"

"Il voulait terroriser ce pays", a asséné le procureur-adjoint Aloke Chakravarty. "Il voulait punir l'Amérique pour ce qu'elle faisait à son peuple, et c'est ce qu'il a fait" avec son frère. "Ce jour là, ils ont pensé qu'ils étaient soldats, qu'ils étaient moujahidines, et qu'ils transposaient leur combat à Boston", a insisté le procureur. "Et 20 minutes après", l'explosion des deux bombes artisanales déposées dans la foule près de la ligne d'arrivée du marathon, Djokhar Tsarnaev achetait du lait dans un supermarché. Le lendemain, il était de retour sur son campus universitaire, plaisantait avec ses amis, et recommençait à tweeter, a-t-il ajouté.

"L'accusé a fait ça avec son frère. Il a déposé une bombe, son frère a déposé l'autre. C'était un attentat coordonné, pour maximiser la terreur", a ajouté le procureur. "Rien dans cette journée n'a été laissé au hasard. C'était un acte de terrorisme froid, calculé", après que les frères eurent appris à fabriquer leurs bombes sur Internet, à partir du magazine en ligne d'Al-Qaïda "Inspire", a-t-il ajouté.

Après la mort de son frère, Djokhar Tsarnaev s'était réfugié dans un bateau remisé dans un jardin de la banlieue de Boston. Il avait écrit sur la paroi intérieure du bateau qu'il voulait venger la mort de civils musulmans tués par les États-Unis. "Il a fait ce que font les terroristes... Il voulait dire au monde pourquoi il l'avait fait. Il voulait s'en attribuer le mérite" a insisté le procureur, lisant des extraits de ce qu'avait écrit Tsarnaev : "Le gouvernement américain tue nos civils innocents. Je ne peux pas supporter qu'un tel mal reste impuni."

L'influence du grand frère en question

La défense n'a pas nié l'implication "inexcusable" du jeune accusé. "Nous n'avons pas contesté les éléments à charge", a déclaré l'avocate Judy Clarke. "Pour cette souffrance, cette destruction, pour ces pertes il n'y a pas d'excuse. Personne ne cherche à en trouver". Mais elle a insisté sur le "pourquoi", affirmant que sans Tamerlan Tsarnaev, le frère de 26 ans, décédé trois jours après les attentats lors d'une confrontation armée avec la police, il n'y aurait jamais eu d'attentats.

Selon l’avocate de Djokhar Tsarnaev, c'était Tamerlan le cerveau. C'est lui qui a tué un policier trois jours après les attentats pour lui voler son arme. C'est lui qui avait téléchargé les documents pour construire des bombes, acheté les cocottes-minute dans lesquelles elles avaient été fabriquées. C'est lui qui avait fait toutes les recherches. "Tamerlan dirigeait et Djokhar suivait", a-t-elle dit.

Djokhar Tsarnaev n'était qu'un jeune "attiré par la passion et les opinions de son frère aîné, alors qu'il vivait une vie d'adolescent", a-t-elle dit du jeune étudiant né au Kirghizistan, arrivé aux États-Unis avec ses parents à l'âge de 8 ans, et qui avait obtenu la citoyenneté américaine en 2012.

La mort ou la perpétuité ?

L’avocate a demandé aux jurés de garder l'esprit ouvert, pour la deuxième partie du procès, quand ils devront choisir entre peine de mort et réclusion criminelle à perpétuité.

Les jurés devront décider mardi de la culpabilité de Tsarnaev pour chacun des 30 chefs d'accusation retenus contre lui. Dix-sept de ces chefs d'accusation sont passibles de la peine de mort, dont "utilisation d'une arme de destruction massive". Le verdict de culpabilité est quasi certain, en raison des très nombreux éléments à charge. Ensuite commencera la seconde phase du procès, avec nouveaux témoignages et témoins, et nouvelles délibérations. 

Avec AFP