
L'Union des organisations islamiques de France (UOIF) organise du 3 au 6 avril la 32e Foire musulmane au Bourget. Son président, Amar Lasfar, revient pour France 24 sur les enjeux d'une telle rencontre.
Fédérant plus de 250 associations musulmanes, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) regroupe des courants divers de l'islam de France. Connue comme la branche française des Frères musulmans, l'organisation a traversé une période difficile ces derniers mois, et s'est vue directement visée par Manuel Valls, qui a fustigé "le discours des Frères musulmans". France 24 a rencontré son président Amar Lasfar, dans les salons d'exposition du Bourget lors de la 32e rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF), organisée par l'UOIF.
Plus de 50 000 visiteurs sont attendus à la RAMF cette année. Pourquoi l’UOIF organise-t-elle cet événement ?
Amar Lasfar : Quand la rencontre a été imaginée en 1983, elle correspondait au congrès de l’UOIF. On faisait une tournée dans les grandes villes de France. Lorsque nous sommes arrivés au Bourget, en 1988, nous avons décidé de traiter le thème de l’Islam en France, l'année suivante également, et depuis cette date, nous sommes restés au Bourget. Aujourd’hui, ce n’est plus le congrès d’une organisation : l’UOIF a offert à la communauté musulmane cet événement qui permet aux gens de se retrouver ; il n’est pas du tout sous le contrôle de l’UOIF. Nous ne faisons que créer l’espace de rencontre. La RAMF est le moyen de transmettre un message, et aujourd’hui elle est en elle-même un message.
Pourquoi avoir choisi comme thème "Mohamed prophète de miséricorde et de paix" ? Est-ce en lien avec les attentats de janvier ?
A.L. : Le thème a été choisi en septembre 2014, mais il tombe bien, au vu de l’actualité. Et puis on s’est dit pourquoi ne par rappeler au musulmans qui est le prophète. Les interpeller ainsi : le connaissez-vous vraiment ? Suivez-vous ses préceptes ? Et puis c’est l’occasion de nous adresser à la société dans laquelle nous vivons, de lui présenter qui est notre modèle. On lui a attribué beaucoup de choses à tort.
Mais toutefois, après les attentats de janvier on a rajouté quelque chose dans notre programme. Un colloque destiné aux imams sur les réponses théologiques à apporter aux caricatures du sacré. Dans une France qui ne reconnaît pas le blasphème, il est important de réfléchir à quelles réponses lui apporter. C’est aussi l’occasion de répondre à ceux qui choisissent la violence comme réaction.
Le gouvernement français veut réorganiser les instances représentatives de l’islam. Qu’en pensez-vous ?
A.L. : Ce n’est pas la première fois. Il y a le Conseil français du culte musulman (CFCM). Il a déçu, mais faut-il pour autant le supprimer ? Je ne pense pas que ce soit là le projet des autorités. Et si on le conserve, comment cela se fera-t-il ? Avec quelles structures, quelles personnes ? Il y a beaucoup de questions, et nous attendons de voir quel est le projet du gouvernement.
Ce qui me dérange, c’est qu’on pense à cela juste après les attentats contre "Charlie Hebdo" et l’Hyper Cacher : cela peut laisser sous-entendre beaucoup de choses. C’est comme si c’était la faute des musulmans. On parle beaucoup de la formation des imams, du fait qu’ils doivent parler français, mais c’est déjà le cas de la très grande majorité. Je serai moi-même reçu par le gouvernement le 9 avril.
Selon vous, islam et république sont -ils compatibles?
A.L. : Parfaitement. La loi de 1905 qui a instauré la laïcité en France est très généreuse avec les religions, il ne nous faut rien de plus que ce qui est prévu par ce texte.