
L'Assemblée nationale française a adopté à l'unanimité un amendement contre l'exclusion, effective depuis 1983, des homosexuels de la collecte de sang. Un vote symbolique qui n'a, juridiquement, aucune portée pratique.
"Nul ne peut être exclu du don de sang en raison de son orientation sexuelle." Les députés français ont voté, vendredi 3 avril, à l'unanimité un amendement contre l'exclusion des homosexuels de la collecte du sang en France, effective depuis 1983 en raison d'un risque accru de contamination par le virus du sida.
L'amendement, présenté par le député centriste Arnaud Richard (UDI), a reçu un avis favorable de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, bien qu'il soit, a-t-elle précisé, juridiquement dépourvu de portée pratique, le sujet relevant d'un arrêté et non de la loi.
"Lever les discriminations"
La position du gouvernement, a-t-elle dit, est "de lever les discriminations relatives à l'orientation sexuelle, et de leur substituer un critère de comportement sexuel s'appliquant à l'ensemble des donneurs potentiels".
La ministre a annoncé avoir déjà reçu "les préconisations" d'experts que le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) avait jugé nécessaires, sur les risques épidémiologiques. Ceux-ci ont proposé en particulier de remplacer l'exclusion définitive par une exclusion de 12 mois, à l'image de ce qui se fait dans beaucoup de pays, a-t-elle dit.
Dans un avis rendu mardi, le CCNE avait estimé que l'exclusion permanente des homosexuels du don du sang devait être maintenue, dans l'attente d'une réflexion collective et de nouvelles recherches.
"Le don du sang n'est pas un droit. Ce qui prime, c'est la santé et la protection du receveur", avait résumé Jean-Claude Ameisen, président du CCNE. "Le Comité considère qu'il faut maintenir les contre-indications" en attendant de nouvelles études scientifiques et des évolutions jugées "indispensables" sur l'information et la responsabilisation des donneurs.
"Absurde"
Une recommandation qui a suscité l'ire de plusieurs associations de défense des homosexuels. "Cet avis est absurde. C'est un comportement à risques qui doit aboutir à une exclusion, et encore temporaire ; pas le fait qu'on est homosexuel ou qu'on a eu une relation homosexuelle il y a vingt ans. C'est un signal extrêmement inquiétant", avait réagi Stéphanie Nicot, présidente de la fédération LGBT.
"Nous sommes très déçus, dans la mesure où la ministre avait été plutôt rassurante. On espère que cet avis ne sera pas suivi par le gouvernement", avait déclaré à l'AFP Yohann Roszéwitch, président de SOS Homophobie.
François Hollande, avant la présidentielle de 2012, avait promis d'autoriser le don du sang aux homosexuels. Dix des 28 pays de l'Union européenne sont passés d'une exclusion permanente à des contre-indications temporaires, de durée variable en fonction de la prise de risque sexuel. En Italie, en Espagne et en Pologne, les exclusions temporaires sont du même ordre pour les comportements à risque hétéro ou homosexuels.
En France, en revanche, les interdictions temporaires (en général d'une durée de quatre mois) ne concernent que les hétérosexuels qui ont eu des rapports sexuels à risques (non protégés et/ou avec plus d'un partenaire au cours des quatre derniers mois).
Avec AFP