
Depuis plusieurs décennies, l'économie iranienne souffre durement des sanctions imposées par la communauté internationale. Les autorités peinent notamment à endiguer l'inflation et à contrôler le chômage.
Dans la capitale iranienne, des scènes de joie ont salué, jeudi 2 avril, la signature d'un accord-cadre sur l'avenir du programme nucléaire iranien. Et parmi les nombreux manifestants descendus dans les rues pour saluer cette nouvelle, beaucoup ont exprimé l'espoir de voir bientôt la communauté internationale lever les sanctions économiques qui pèsent lourdement sur l'économie du pays depuis des décennies. Elles resteront en place jusqu'à ce que soit conclu un accord final.
Ces sanctions ont été adoptées à la suite de la Révolution islamique de 1979. Les États-Unis imposent dès lors à l’Iran un embargo bilatéral sur le pétrole et le commerce. Le niveau de sanction monte d’un cran en 2006 quand le dossier du nucléaire iranien est dénoncé par les Nations Unies qui craignent que Téhéran se procure l’arme atomique. Enfin, l’embargo financier et pétrolier est renforcé en 2007 puis 2011 par une série de sanctions américaines et européennes.
Un pays riche en gaz et en pétrole
Après deux ans de récession, la croissance économique iranienne est repassée dans le vert, avec un taux de 3 % en 2014. Une amélioration due notamment à l’allègement partiel des sanctions en novembre 2013.
Téhéran compte sur la reprise de ses exportations pour stimuler cette reprise économique. La fin de l’embargo bancaire faciliterait les échanges commerciaux avec l’extérieur. Et l'Iran, qui possède les troisièmes réserves pétrolières au monde, pourrait voir ses revenus issus de cette production encore augmenter en cas de levée des sanctions. Le secteur gazier devrait, lui aussi, connaître une forte expansion. Même si, comme le précise Michel Makinsky, professeur à l’ESC Poitiers et spécialiste de l’économie iranienne, "ce n’est pas demain que l’Iran deviendra un grand intervenant sur le marché mondial du gaz [car] le pays manque d’infrastructure nécessaires".
Pour conforter cette croissance, l'économie iranienne peut également compter sur l’investissement étranger, gelé depuis de nombreuses années. Les grandes firmes mondiales – en particulier dans le secteur automobile – sont dans les "starting-block" pour tenter de décrocher les marchés iraniens.
Une baisse de l’inflation et du chômage escomptée
Le cercle vertueux de la croissance, lui-même engendré par une éventuelle levée des sanctions, aurait deux principaux avantages : la baisse de l’inflation et celle du chômage.
Concernant l’inflation, elle a été galopante dans le pays, atteignant 47 % en 2013 selon des chiffres officiels. L’effondrement du rial iranien face au dollar américain – devise des échanges internationaux – avait alors conduit à une inflation des prix à l’importation. Stabilisée aujourd’hui à 15%, l’inflation devrait connaître à nouveau une baisse avec le dégel de l’embargo financier.
Enfin, la baisse du chômage est l’un des bénéfices escomptés de la fin de l’embargo, la croissance et l’emploi étant corrélés. Actuellement, Thierry Coville, chercheur à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), spécialiste de l'Iran, le situe approximativement autour de 20 %, les chiffres officiels étant biaisés. Ce sont les jeunes diplômés iraniens, très nombreux sur le marché du travail, qui sont le plus touchés.
Néanmoins il n’y a pas de solution miracle rappelle Thierry Coville : "Tous les problèmes ne seront pas résolus par la seule levée des sanctions (…), des réformes structurelles de l’économie iraniennes sont nécessaires, notamment pour garantir une libre concurrence dans le secteur privé".