Après deux semaines d'une grève qui se durcit et une succession de révélations compromettantes dans la presse, Mathieu Gallet, PDG de Radio France, présente jeudi à Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, sa stratégie.
Attaqué de toutes parts, le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, est "convoqué" une nouvelle fois, jeudi 2 avril, pour plaider la cause de son projet stratégique auprès de sa ministre de tutelle, Fleur Pellerin. Après deux semaines d'une grève qui s'enlise, le ministère de la Culture a promis des "décisions dans les prochains jours" sur ce dossier brûlant.
Fleur Pellerin a demandé au PDG de Radio France de lui fournir en urgence un projet stratégique où il présente ses arbitrages pour Radio France, en quête de 50 millions d'euros d'économies. Comme la semaine dernière, le mot sec de "convocation" a été employé mercredi par le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. Sommé une semaine plus tôt de présenter un projet complet sous 15 jours, Mathieu Gallet l'a remis à Fleur Pellerin dès mercredi matin.
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L'étau se resserre autour du dirigeant, confronté à un mouvement de grève historique à Radio France et fragilisé par une série de fuites dans la presse mettant en cause ses dépenses. Les révélations du Canard enchaîné sur des frais somptuaires, pour l'aménagement de ses bureaux et le recrutement de consultants en communication, tant à Radio France qu'à la présidence de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), son précédent poste font polémique. Des dépenses en contradiction avec la politique d'économies qu'il est appelé à mettre en œuvre dans le groupe de 4 600 salariés. Pour l’heure, Mathieu Gallet, a annoncé qu'il allait porter plainte contre le journal satirique pour des "allégations diffamatoires".
Les journalistes rejoignent la grève
Alors que certains syndicalistes jugent "compromis" l'avenir du PDG, les syndicats de Radio France ont décidé mercredi de reconduire la grève jeudi, pour un quinzième jour consécutif, sur fond de craintes pour l'emploi. Vendredi, ce sont les journalistes, jusqu'ici majoritairement non grévistes, qui sont appelés à faire grève 24 heures, également au nom de l'emploi. Ce ralliement est perçu comme un "tournant" par le délégué central d'entreprise CFDT, Jean-Eric Ziolkowski.
Le conflit, qui paralyse les antennes, réduites en grande partie à des bandes musicales, n'atteint pas encore la longévité de la grève de 2004 qui avait duré 23 jours, mais il s’en approche.
Sarkozy critique Mathieu Gallet
Les critiques viennent aussi du plus haut niveau de l'UMP. Son président, Nicolas Sarkozy, a dénoncé mardi "le scandale de la grève à Radio France" en pleines élections départementales, qui a privé les auditeurs de deux soirées électorales. Selon des sources UMP, il se montre en privé très critique à l'égard de Mathieu Gallet et des révélations sur ses dépenses. L’ancien président de la République souhaiterait même, selon Europe 1, rétablir la nomination des patrons de l'audiovisuel public par le chef de l’État si il revenait au pouvoir en 2017.
Du côté de la direction, on souligne que le PDG reste "combatif", "déterminé à faire aboutir son projet" et à "s'extraire de la politique politicienne".
Avec AFP