Depuis plusieurs mois, les combattants kurdes arment des milices arabes sunnites pour lutter contre l'EI. Objectif : disposer d'unités supplétives susceptibles d'être mieux acceptées par les populations arabes sunnites. Reportage.
En pointe dans la lutte contre l'avancée de l’organisation de l'État islamique (EI) en Irak, les peshmerga ont commencé depuis plusieurs mois à armer des milices sunnites, qui elles aussi luttent contre l'EI. Selon le commandement kurde, plus de 2 000 hommes ont déjà été enrôlés. Objectif des combattants kurdes : disposer d'unités supplétives susceptibles d'être mieux acceptées par les populations arabes sunnites du pays, notamment en cas d'offensive sur la ville de Mossoul.
Mais le processus de recrutement est ralenti par le manque de financement. De plus, sur la ligne de front, les combattants kurdes n'ont pas toujours confiance en leurs camarades arabes.
L'envoyé spécial de France 24 au Kurdistan irakien, Selim el-Meddeb, est allé à la rencontre des peshmergas et des milices sunnites. Ces derniers lui ont assuré que les sunnites irakiens ne soutenaient pas tous l'EI. "En tant que sunnites, on se bat pour prouver que tous les sunnites ne sont pas avec Daech [acronyme de l'EI en arabe]. Ici, on est 100 % sunnites et on combat tous Daech", a ainsi affirmé Abou Hassan al-Joubouri, membre d'une milice populaire de la ville de Shargat, tombée aux mains des jihadistes.
Ces supplétifs sont payés par le gouvernement central de Bagdad et armés par les peshmerga. Ces derniers ont toutefois du mal à leur accorder leur entière confiance. "Avec tout mon respect, ils ne sont pas tous mauvais. Mais aujourd'hui, c'est difficile de faire confiance aux Arabes", explique au micro de France 24 Hassan Abou Abderahman, un sergent peshmerga. "On peut se débrouiller tous seuls, on n'a pas besoin d'eux", estime-t-il.
Pour autant, la cohabitation se passe correctement dans d'autres régions du Kurdistan irakien. Mille hommes attendent déjà que Bagdad débloque les fonds nécessaires pour pouvoir rejoindre la milice de Shargat. Bien qu'encadrés par d'anciens officiers, ces civils devront encore s'aguerrir pour être réellement utiles sur le champ de bataille.