
Deux hommes ont été tués par la police turque après avoir pris en otage le procureur chargé de l'enquête sur la mort d'un jeune homme lors de la fronde antigouvernementale de 2013. Le magistrat, lui, a succombé à ses blessures après l'assaut.
Deux militants d’un groupe turc d’extrême gauche clandestin qui avaient retenu, mardi 31 mars, pendant plusieurs heures un magistrat dans un tribunal d'Istanbul, en Turquie, ont été tués par la police. Leur otage, Mehmet Selim Kiraz, sérieusement sévèrement touché lors de l’assaut, est décédé des suites de ses blessures.
Le procureur Mehmet Selim Kiraz "était gravement touché lorsqu'il est arrivé (à l'hôpital) mais nous l'avons perdu malgré tous nos efforts", ont les indiqué les médecins de l'hôpital, lors d'une déclaration télévisée.
Un peu plus tôt, le chef de la police avait indiqué avoir "fait tout ce qui était possible" pour obtenir la reddition des deux assaillants, en précisant que la police était intervenue "quand des coups de feu ont été tirés" dans la pièce où ils s'étaient retranchés. Plusieurs explosions et au moins une vingtaine de coups de feu ont été entendus depuis l'extérieur du bâtiment, rapidement enveloppé d'épaisses fumées.
Selon le chef de la police stambouliote, les deux hommes, militants du Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) ont pénétré en début d'après-midi dans le palais de justice de Caglayan, sur la rive européenne d'Istanbul, et rapidement pris en otage le procureur Kiraz. Le magistrat turc était en charge d'une enquête ouverte après la mort de Berkin Elvan, un jeune homme blessé par la police lors des manifestations antigouvernementales de 2013, ont rapporté les médias turcs, notamment le site du quotidien "Hürriyet Daily News".
Un groupe d'extrême gauche turque
Sur une photographie d'origine inconnue diffusée sur les réseaux sociaux et reprise par "Hürriyet Daily News", on pouvait voir des individus pointer une arme sur le front du procureur Mehmet Selim Kiraz. En fond, on pouvait apercevoir le drapeau du DHKP-C, connu pour avoir mené de nombreux attentats en Turquie depuis les années 1990.
Selon le quotidien turc, les preneurs d'otages avaient lancé un ultimatum aux autorités, par le biais d'un site proche de leur organisation, leur demandant des confessions en direct de l'officier de police suspecté de la mort de Berkin Elvan. Ils souhaitaient également des poursuites judiciaires à l'encontre des officiers responsables et l'acquittement des personnes poursuivies pour leur participation aux manifestations demandant justice pour l'adolescent de 15 ans.
Berkin Elvan, symbole de la répression
Berkin Elvan avait succombé à ses blessures le 11 mars 2014, après 269 jours d'un coma provoqué par le tir d'une grenade lacrymogène de la police à Istanbul, lors d'une manifestation en juin 2013.
L'annonce du décès de cet adolescent avait fait spontanément descendre dans les rues de toutes les grandes villes de Turquie des centaines de milliers de personnes. De nombreux manifestants ont encore commémoré sa disparition le 11 mars dernier.
Le cas de Berkin Elvan est devenu un symbole de la violente répression exercée par le pouvoir en 2013 et celui de la dérive autoritaire que lui reprochent ses détracteurs. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait publiquement qualifié l'adolescent de "terroriste".
Avec AFP