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Le Sénat rétablit le délit de racolage mais épargne les clients

Le Sénat a supprimé dans la nuit de lundi à mardi la pénalisation des clients et rétabli le délit de racolage, dans le cadre de la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la prostitution.

Ce sont finalement les prostituées qui paieront. Le Sénat a tranché dans la nuit du lundi 30 mars au mardi 31 mars en supprimant la pénalisation des clients et en rétablissant le délit de racolage. Le texte, adopté par les sénateurs par 165 voix pour et 44 contre, était examiné dans le cadre de la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la prostitution.

Il prévoyait initialement d'abroger le délit de racolage instauré par Nicolas Sarkozy en 2003, et d'instaurer en contrepartie la pénalisation des clients. Mais la commission spéciale du Sénat a bouleversé la donne en décidant de sanctionner les prostituées. Elles risquent jusqu’à deux mois d'emprisonnement et 3 750 euros d'amende. Ce point était pourtant décrié par les associations de terrain, craignant de voir les prostituées poussées vers la clandestinité et encore plus à la merci des rares clients.

En revanche, pour le président UMP de la commission spéciale, Jean-Pierre Vial, "les forces de l'ordre doivent avoir les moyens de remonter les réseaux". Son parti a majoritairement voté en faveur du délit de racolage. "Sans l'établissement de ce délit, nous nous trouverions en état d'apesanteur", a-t-il estimé.

Pas de pénalisation des clients

Le texte initial, en jachère depuis quinze mois au Sénat, prévoyait également de punir l'achat d'acte sexuel d'une contravention de 1 500 euros. Une proposition rejetée par le Sénat. Après des débats houleux, 189 sénateurs de droite ont voté contre la pénalisation des clients, et 107 élus, essentiellement de gauche, se sont déclarés pour.

Prochaine étape, le projet de loi devrait repartir en deuxième lecture à l'Assemblée. En cas de désaccord entre les deux chambres, ce seront les députés qui auront le dernier mot. La ministre chargée des Droits des femmes, Marisol Touraine, a assuré mardi que les deux dispositions seraient rétablies lors du vote définitif des députés.

Avec AFP