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Le rabbin de Toulouse porte plainte pour discrimination dans un bureau de vote

La rabbin de Toulouse a porté plainte après avoir été empêché de voter dimanche lors du premier tour des élections départementales par une déléguée de la liste du Front de gauche. Elle lui avait demandé d'enlever sa kippa en invoquant la laïcité.

Le rabbin de Toulouse Avraham Weill a porté plainte pour discrimination, choqué qu'un membre de son bureau de vote ait tenté de lui faire enlever sa kippa au moment où il allait voter dimanche, a-t-on appris jeudi 26 mars auprès du religieux.

Le rabbin, équivalent de l'archevêque de Toulouse chez les catholiques, a confirmé une information du site de France3 Midi-Pyrénées sur l'incident, survenu lors du premier tour des élections départementales. "La présidente du bureau de vote était absente à ce moment et sur l'insistance des autres délégués, et l'intervention d'électeurs présents dans le bureau, le rabbin a finalement pu voter", a indiqué le média régional.

"Excès de zèle"

C’est une déléguée de la liste du Front de gauche qui a demandé au rabbin de retirer sa kippa en invoquant la laïcité. Le rabbin Weill qualifie ce geste d’"excès de zèle de quelqu'un qui ne connaît pas le code électoral", estimant qu’il n'y a pas eu d'insulte, mais une volonté "d'intimider".

La loi ne prévoit pas de "limite à la liberté vestimentaire des électeurs" dans les bureaux de vote, donc pas d'interdiction des signes religieux même lorsque ces bureaux se situent dans des établissements scolaires au moment des scrutins. En revanche, "la tenue portée ne doit pas faire obstacle au contrôle de l’identité de l’électeur", indique la direction de l'information légale et administrative française sur son site. Les messages politiques également sont proscrits le jour du vote.

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Les excuses du Parti communiste

"Le bon côté, c'est que tous les autres délégués et les sept ou huit électeurs présents dans le bureau ont été unanimes à mes côtés", a toutefois expliqué le rabbin.

Avraham Weill a précisé qu’il n’avait pas souhaité médiatiser l’incident dans un premier temps pour ne pas "donner du grain à moudre à ceux qui pensent que les juifs cherchent à se victimiser", a-t-il déclaré. Mais il s'est décidé à porter plainte - pour discrimination dans l'accès à un lieu public en raison d'une appartenance religieuse - car la déléguée de liste du Front de gauche avait fait inscrire l'incident au procès-verbal du bureau de vote.

Contactée jeudi par La Dépêche du Midi, la déléguée, étonnée de la plainte, s'est expliquée à son tour. "Je ne connaissais ni sa fonction, ni son nom. J'ai juste posé la question de savoir s'il était normal ou pas de porter une kippa. Je n'ai pas voulu l'empêcher de voter. En aucun cas je ne suis antisémite. Je n'étais pas sûre, tout simplement", a-t-elle dit.

De son côté, le PCF déplore l’incident. "Il s'agit d'une mauvaise interprétation de la loi électorale de la part de cette déléguée", a indiqué jeudi le secrétaire départemental du PCF, Pierre Lacaze, dans un communiqué d'apaisement. Elle pensait que "tout signe ostentatoire religieux n'était pas admis dans un bureau de vote", selon le responsable communiste. Le PCF de Haute-Garonne a promis de s'adresser au rabbin Weill pour "dissiper ce malentendu" et l'assurer de "son soutien total dans le combat contre l'antisémitisme et les idées xénophobes".

Avec AFP