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En visite à Washington, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir il y a six mois, le président afghan Ashraf Ghani s'est vu confirmer le ralentissement du retrait des troupes américaines par Barack Obama.

À l'occasion de la venue à Washington du président afghan Ashraf Ghani, Barack Obama a annoncé mardi 24 mars le ralentissement du rythme de retrait des troupes américaines en Afghanistan. Cette visite, une première pour le président afghan depuis son élection il y a six mois, marque le rapprochement entre les deux chefs d'État.

Actuellement, quelque 10 000 soldats américains sont toujours présents sur le territoire afghan, où ils se concentrent sur des opérations d'anti-terrorisme et l'entraînement des forces de sécurité afghanes. Répondant à la demande de son homologue afghan, le chef d’État américain a annoncé le maintien de la quasi-totalité de ces soldats. Ainsi 9 800 militaires resteront sur le territoire afghan jusqu'à fin 2015, alors que le calendrier initial prévoyait de diviser ce nombre par deux.

"Il s’agit notamment de ne pas laisser l’armée afghane seule pour cette nouvelle saison de combat du printemps en ce moment en Afganistan" explique Stanislas de Saint Hippolyte, correspondant de France 24 à Washington.

Cette annonce d'un maintien des troupes ne remet toutefois pas en cause le retrait définitif d'Afghanistan, qui est toujours prévu à la fin 2016, a rappelé Barack Obama. "Le retrait se fera de toute façon", analyse Stanislas de Saint Hippolyte, car "cela fait très longtemps que les Américains sont en Afghanistan, cela leur a coûté trop cher et ils ont fait beaucoup de sacrifices". La vaste intervention militaire déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001 s'est soldée par la mort de plus de 2 300 soldats américains. Plus de 22 000 d'entre eux ont été blessés. Sur le plan financier, la facture avoisine les 1 000 milliards de dollars.

Mettant en avant sa volonté de tout faire pour aider les forces de sécurité afghanes à réussir afin de "ne pas avoir à retourner" sur place, le président américain a également indiqué mardi que le ralentissement du retrait en valait "largement la peine". Alors que les Taliban continuent de mener des attaques meurtrières dans le pays, Washington craint aussi de laisser la porte ouverte à l'organisation de l'État islamique (EI) et d'aboutir à la situation que connaît aujourd'hui l'Irak.

"Un nouveau chapitre" entre les deux nations

Lors de leur conférence de presse commune mardi, les deux chefs d’État ont multiplié les signes de complicité. Cette visite officielle du président afghan à Washington est la première depuis son arrivée au pouvoir il y a six mois. Alors que les relations entre son prédécesseur Hamid Karzai et Barack Obama étaient devenues exécrables, Ashraf Ghani a annoncé qu'un " nouveau chapitre" s'ouvrait entre leurs deux nations.

"La flexibilité offerte pour 2015 nous permettra d'accélérer les réformes et de nous assurer que les forces de sécurité (afghanes) soient plus performantes", a souligné le président afghan. Se déclarant impressionné par les réformes engagées, son homologue américain lui a rendu un hommage appuyé, saluant en particulier sa décision "courageuse" de multiplier les contacts avec le Pakistan voisin, partenaire-clé dans le processus de réconciliation avec les Taliban.

Rencontre avec le Congrès américain

L’annonce d’un ralentissement du rythme de retrait des troupes américaines en Afghanistan a été plutôt bien accueillie par les adversaires républicains de Barack Obama. "La décision de ne pas réduire le nombre de nos soldats en Afghanistan cette année est la bonne", a ainsi souligné Mac Thornberry, président de la commission de la Défense de la Chambre des représentants.

Citant le cas de l'Irak pour mettre en garde contre les conséquences d'un départ prématuré en laissant "un allié fragile", l'élu républicain a jugé que la sécurité même des États-Unis était en jeu.

Après l’opération séduction auprès de Barack Obama, le président afghan doit  s'exprimer mercredi 25 mars devant le Congrès américain réuni au grand complet, puis rejoindre New York jeudi pour des rencontres aux Nations unies, en particulier avec leur secrétaire général Ban Ki-moon.

Avec AFP