logo

Crash aérien : Germanwings, le bras low cost de Lufthansa, fragilisé

L’Airbus A320 de Germanwings qui s’est écrasé, mardi, était en activité depuis 24 ans. Ce transfert d’avion en fin de carrière de Lufthansa à sa filiale low cost est un élément important de la stratégie de développement de la compagnie allemande.

La compagnie aérienne Germanwings a changé son logo sur Twitter peu après l’annonce de la catastrophe aérienne du 24 mars. Au lieu d'afficher des couleurs vives, il est dorénavant en noir et blanc… Mais le crash du vol 4U9525 - qui aurait coûté la vie à 150 personnes - devrait très probablement avoir des conséquences beaucoup moins anecdotiques pour la filiale low cost de Lufthansa.

Jusqu’à présent, Germanwings, qui transporte environ 16 millions de passagers par an et vise l’équilibre financier en 2016, avait réalisé un quasi-sans faute pour une compagnie à bas coût. Et du jour au lendemain, la petite sœur de Lufthansa devient l’incarnation de l’une des pires catastrophes aériennes de l’histoire de l’aviation allemande contemporaine.

>> À lire sur France 24 : "Germanwings : 150 victimes et un crash toujours inexpliqué"

20 % moins cher que Lufthansa

C’est en 2002 qu’Eurowings devient Germanwings. Lufthansa, alors actionnaire minoritaire dans la compagnie, va peu à peu monter au capital et l’absorbe totalement en 2009 avec comme objectif affiché d’en faire son bras low cost pour concurrencer Ryanair et Easyjet.

Au départ, la compagnie ne sert qu’à effectuer les trajets de courte distance pour desservir les destinations les plus touristiques pour les Allemands, tels que les Canaries, les Baléares ou la Costa del Sol espagnole. Des salaires moins élevés, davantage d’heures de vol pour le personnel et moins de services gratuits à bord permettent à Germanwings d’afficher des tarifs 20 % moins chers que Lufthansa.

Face à un secteur du low cost toujours plus concurrentiel - d’autres grandes compagnies comme Air France ou encore Iberia lancent aussi leur filiale à bas prix - le géant allemand décide très vite de doper les moyens de Germanwings. À partir de 2013, la compagnie reprend les principales liaisons européennes de courte et moyenne distance du groupe allemand. Germanwings dessert actuellement 86 destinations sur le Vieux Continent. Cette montée en puissance ne va pas sans susciter une grogne sociale au sein du groupe en 2014. Les pilotes de Lufthansa-Germanwings se mettent en grève à trois reprises en un an pour sauvegarder leurs avantages sociaux.

24 ans d’activité

Le géant allemand négocie tout en dévoilant un grand plan qui doit permettre à sa filiale low cost d’avoir une flotte aussi imposante que Ryanair ou Easyjet. Ce développement passe par le transfert d’avions en fin de carrière de Lufthansa vers Germanwings. C’est là que le bât risque de blesser après l’accident du 24 mars. L’Airbus A320 qui s’est écrasé dans le sud de la France avait été livré en janvier 2014 après 24 ans de services pour Lufthansa.

L’engin était-il trop vieux pour voler ? "C’est un âge très élevé pour un avion", explique aux "Échos" un technicien de Lufthansa sous couvert d’anonymat. L’âge moyen des Airbus de Germanwings est de 13,5 ans, et il est inférieur à 10 ans chez Lufthansa. "C’est la limite supérieure en termes de durée de vie pour un appareil des compagnies les plus sérieuses", ajoute l’agence de presse Reuters.

L’âge de l’avion n’est peut-être pour rien dans la tragédie de mardi. Mais l’accident a mis en lumière cette propension de Lufthansa à recycler ses vieux engins. Les potentiels passagers risquent de voir d’un mauvais œil cette pratique pourtant au cœur même du projet de développement de Germanwings.