logo

Les Palestiniens commémorent la Nakba de 1948

Des milliers de Palestiniens ont commémoré, dans les Territoires palestiniens, le 61e anniversaire de la Nakba, la "catastrophe" que fut pour eux la création d'Israël en 1948.

AFP - Des milliers de Palestiniens ont commémoré jeudi en Cisjordanie le 61ème anniversaire de la Nakba, la "catastrophe" que fut pour eux la création d'Israël en 1948 sur les trois quarts de la Palestine historique.

"Soixante et un ans se sont écoulés depuis la Nakba, qui a frappé notre peuple et qui constitue un drame sans précédent dans l'Histoire. Les images de déracinement, d'exode, de mort, d'emprisonnement et des tentatives d'oblitérer notre identité et notre existence restent vivaces", a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas dans un discours télévisé à cette occasion.

"Le sang versé par des milliers de martyrs et les souffrances endurées par des milliers de prisonniers ne seront pas vains car l'occupation est vouée à la disparition et la liberté nous est promise. L'Etat palestinien indépendant verra le jour et nous verrons des lendemains sans un seul réfugié languissant en exil ni un seul prisonnier dans les geôles de l'occupation", a-t-il ajouté.

Citant notamment la colonisation et la construction de la barrière de séparation en Cisjordanie, il a affirmé que la politique israélienne actuelle "conduira à la poursuite de la violence et à l'escalade pour qu'elle englobe toute la région".

Le principal rassemblement de la journée s'est tenu à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, où les manifestants, dont de nombreux écoliers, ont arpenté des rues en brandissant des drapeaux palestiniens et des images de villages arabes rasés par les forces israéliennes en 1948.

"Le droit au retour est sacré" ou "pas de paix sans droit au retour", pouvait-on lire sur des pancartes.

La marche est partie du mausolée abritant la tombe de Yasser Arafat, le chef historique des Palestiniens, dans le QG de l'Autorité palestinienne. Une troupe de scouts rythmait la scène au son du tambour.

Un autre rassemblement a eu lieu à Naplouse, plus au nord, en présence de quelque 2.000 personnes. Des bannières noires, signe de deuil, y flottaient aux côtés du drapeau noir, blanc, vert et rouge de la Palestine.

Dans le camp de réfugiés de Aqabet Jaber à Jéricho (est), une pièce métallique représentant une clé de six mètres posée sur un socle en béton a été inaugurée, symbolisant l'attachement des réfugiés au retour dans les maisons dont ils furent chassés. La plupart d'entre elles ont cependant été démolies depuis.

Les Palestiniens marquent officiellement l'anniversaire de la "Nakba" le 15 mai, mais vendredi étant le jour de repos hebdomadaire, plusieurs manifestations ont eu lieu dès jeudi.

L'armée israélienne a annoncé jeudi un bouclage strict de la Cisjordanie à partir de minuit jeudi (22H00 GMT) pour une durée de 48 heures pour prévenir d'éventuelles violences.

A Gaza, la police du mouvement islamiste Hamas a empêché la tenue jeudi de manifestations pour la Nakba organisées par l'OLP, la centrale palestinienne dominée par ses rivaux du Fatah.

Le Hamas a en revanche appelé la population de Gaza à participer à une marche qu'il organise vendredi pour l'occasion. Le mouvement islamiste a affirmé dans un communiqué qu'il "reste attaché à la résistance jusqu'à la victoire" et qu'il refuse "tout compromis" sur le droit au retour des réfugiés.

Quelque 760.000 Palestiniens -- aujourd'hui quelque 5 millions avec leurs descendants -- ont été poussés à l'exode lors de la création d'Israël qui s'oppose depuis farouchement à leur retour.

Le pape Benoît XVI, en pèlerinage en Terre Sainte, a visité mercredi le camp de réfugiés palestiniens d'Aïda, à l'entrée de Bethléem, en Cisjordanie.

"Avec angoisse, j’ai été le témoin de la situation des réfugiés qui, à l'instar de Sainte Famille, ont été obligés de fuir de leurs maisons", a-t-il dit.