![La France officiellement en récession, à l'image de la zone euro La France officiellement en récession, à l'image de la zone euro](/data/posts/2022/07/14/1657831363_La-France-officiellement-en-recession-a-l-image-de-la-zone-euro.jpg)
La chute de 1,2 % du PIB au premier trimestre marque l'entrée officielle de la France en récession, selon l'Insee. La zone euro, qui s'enfonce dans la récession, a connu sa plus forte baisse du PIB sur un trimestre depuis 1995.
REUTERS - L'économie française, plongée depuis un an dans une récession historique, a subi au premier trimestre une contraction de 1,2%, moins violente cependant qu'au trimestre précédent et que dans d'autres pays européens.
Le gouvernement va en conséquence revoir sa prévision pour l'ensemble de 2009 à environ -3,0%, deux fois plus que l'hypothèse de -1,5% retenue dans la loi de finances rectificative.
L'estimation préliminaire publiée vendredi par l'Insee pour le trimestre janvier-mars est conforme aux attentes des économistes mais ce sont surtout les révisions apportées aux trimestres précédents qui ont surpris.
La contraction du quatrième trimestre, précédemment annoncée à 1,1%, a été révisée à 1,5% et le rebond symbolique du troisième trimestre (+0,1%) est devenu une baisse de 0,2%, faisant suite à un repli de 0,4% (au lieu de -0,3%) au deuxième trimestre.
Au bout du compte, la croissance de l'ensemble de 2008 n'est plus de 0,7% mais de 0,3% et le premier trimestre 2009 marque un quatrième trimestre consécutif de contraction - du jamais vu dans la France de l'après-guerre.
"On voit ainsi que la récession a commencé au printemps 2008 et que la crise financière n'a fait que l'amplifier, transformant un phénomène somme toute classique en récession historique", commente Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC.
En glissement annuel, le PIB a baissé de 3,2% au premier trimestre après -1,7% sur les trois derniers mois de 2008.
Récession -3 % en 2009
Le choc est cependant moins rude qu'en Allemagne, où le PIB a subi une contraction historique de 3,8% au premier trimestre en variation trimestrielle, tandis que l'Italie a annoncé une baisse de 2,4%, deux fois plus forte que la France.
Dans l'ensemble de la zone euro, le produit intérieur brut s'est contracté de 2,5% par rapport au quatrième trimestre, selon Eurostat qui publiait également son estimation provisoire vendredi. Sur un an, la décroissance atteint 4,6%.
"La baisse significative de l'activité au premier trimestre reste un peu plus limitée que chez nos principaux partenaires et qu'au quatrième trimestre 2008," relève le ministère de l'Economie dans un communiqué.
Le gouvernement ne s'apprête pas moins à revoir en forte baisse sa prévision de croissance pour 2009, avant une reprise graduelle attendue en 2010.
"Au vu de ces évolutions, (...) la croissance du PIB en France devrait s'établir autour de -3,0% en moyenne annuelle pour l'année 2009," indique Bercy. "Ce chiffre reflète, de manière mécanique, les replis du quatrième trimestre 2008 et du premier trimestre 2009."
La ministre Christine Lagarde présentera en juin son scénario actualisé, qui ne sera pas sans incidence sur les prévisions de déficit public.
La consommation résiste
Le détail de la statistique de l'Insee montre que les entreprises ont continué de déstocker massivement tandis que les ménages ont fait de la résistance.
La hausse de 0,2% de la consommation des ménages, comme au quatrième trimestre, n'a pas été suffisante pour compenser l'investissement qui a reculé de 2,3% au total (-3,2% pour les entreprises, -1,5% pour les ménages et -0,8% pour les administrations publiques).
La demande totale hors stocks a en conséquence apporté une contribution négative de 0,4 point au PIB tandis que les variations de stocks pesaient à hauteur de 0,8 point.
La contribution du commerce extérieur, négative les trois trimestres précédents, a été cette fois nulle, la baisse de 6,0% des exportations ayant compensé celle de -5,3% des importations.
"Les stocks représentent presque deux tiers de la contraction au premier trimestre, après la moitié au quatrième trimestre. Cela permet d'espérer une amélioration au moins technique pour la suite," note Jean-Louis Mourier. "Après, la suite est conditionnée au scénario global d'un arrêt de la contraction du commerce mondial."
Natacha Valla, chez Goldman Sachs, maintient aussi son scénario d'une reprise graduelle.
"Il se peut que la France soit en avance sur les autres pays européens dans le cycle de déstockage," relève-t-elle.
"Avec la forte révision à la baisse des chiffres de la fin 2008, on rééquilibre la croissance entre le quatrième et le premier trimestres si bien que la France aurait eu son point bas au quatrième trimestre", remarque-t-elle en prédisant une récession de 2,9% sur l'ensemble de l'année.
Mais la France, notent les économistes, sera moins bien placée pour profiter de la reprise mondiale que l'Allemagne, plus touchée aujourd'hui car plus exposée aux exportations.