L'État français, qui a accordé 1 500 visas d'asile à des chrétiens d'Orient depuis la fin juillet, a organisé samedi une cérémonie officielle au cours de laquelle François Hollande a tenu à témoigner sa solidarité avec ces minorités persécutées.
Quelque 1500 visas d'asile ont été délivrés par le gouvernement français depuis l’été aux chrétiens d'Orient chassés par les jihadistes de l'organisation de l'État islamique. Samedi 21 mars, pour marquer l'accueil de ces réfugiés, une cérémonie a été organisée au ministère, place Beauvau, où le président Hollande a fait une apparition inattendue pour témoigner sa solidarité.
"Soyez certains qu'en France vous serez pleinement accueillis, et que vous êtes ici en France chez vous, même si chez vous c'est loin, et que vous aurez à y revenir", leur a lancé le chef de l'État.
À lire sur France 24 : Chrétien d'Irak : "Je viens commencer une nouvelle vie en France"
Il a tenu à saluer la "volonté" des réfugiés "d'être utiles à la France". "Car vous êtes utiles à la France", a-t-il insisté. "La France est un pays qui a toujours considéré que son identité était l'ouverture, la solidarité, la liberté".
Sur les 1 500 chrétiens ayant reçu ces visas, "mille personnes sont déjà arrivées" en France depuis fin juillet, date à laquelle le gouvernement avait annoncé son intention de favoriser l'accueil de ces minorités persécutées, a-t-on appris auprès du ministère de l'Intérieur.
Aux membres d'un chœur qui venaient de chanter plusieurs airs traditionnels, il a dit: "Merci pour le courage dont vous avez fait preuve."
Environ 200 personnes, arrivées d'Irak ou de Syrie, avaient été conviées dans les jardins du ministère, à quelques jours du Nouvel An assyrien, le Kha B-Nisan.
"On a juste pris nos passeports"
La France avait annoncé fin juillet vouloir favoriser l'accueil des chrétiens d'Orient, cibles d'exactions croissantes de la part des jihadistes de l'organisation de l'État islamique.
Parmi les invités, Yohana Matte, un Irakien arrivé en janvier avec sa famille, s'est dit "ému et très surpris" par cet accueil. "On est un peu sous le choc", raconte via un interprète cet homme de 48 ans, qui a préféré fuir avec ses quatre enfants, dont un bébé de quelques mois, dès qu'il a vu des islamistes arriver dans son village en demandant à chacun s'il était chrétien ou musulman.
"On a juste pris nos passeports et on est partis vers le Nord", assure cet ancien employé de blanchisserie. Hébergé à Gonesse (Val-d'Oise) par des membres de sa famille qui avaient eux-mêmes fui des persécutions dans les années 1980, il n'envisage pas de regagner un jour son pays. "On a frôlé la mort, comment est-ce que je pourrais un jour avoir confiance?"
"Il faut en urgence neutraliser Daech"
Le cardinal Pascal Gollnisch, directeur général de l'Œuvre d'Orient, une association française d'aide aux chrétiens d'Orient, a pour sa part lancé "un cri d'alarme" aux organisations internationales.
"Il faut en urgence neutraliser Daech", a-t-il affirmé en marge de la cérémonie, jugeant que "la France est l'un des pays les plus engagés". "Mais les moyens ne sont pas suffisants. L'Europe est à la traîne", a-t-il regretté.
Au début du mois, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait dit qu'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU serait consacrée le 27 mars "à la persécution des minorités", et en particulier celle des chrétiens d'Orient.
Avec AFP