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Éclipse solaire : une météo nuageuse a gâché le spectacle

Depuis un archipel perdu dans l'Arctique ou le siège d'un avion, quelques rares privilégiés ont vu vendredi la Lune grignoter le Soleil dans un spectacle époustouflant. Pour le plus grand nombre, une météo défavorable a gâché l'événement.

Fortement médiatisée, une éclipse solaire plus ou moins partielle avait été promise aux populations d'Europe, du nord-ouest de l'Afrique et de l'Asie, et du Moyen-Orient, ce vendredi 20 mars. Mais, dans la plupart des régions concernées, ce sont les nuages, et non pas la Lune, qui ont masqué le Soleil aux regards.

Seule terre émergée avec les îles Féroé à se trouver sur la trajectoire de l'éclipse totale, l'archipel norvégien du Svalbard (Spitzberg) a offert en plein cœur de l'Arctique un spectacle magique aux amateurs et professionnels venus parfois des antipodes pour observer le "Soleil noir".

Dans un ciel dégagé après avoir été longtemps menaçant, l'astre solaire a intégralement disparu sous le regard des milliers d'habitants et d'étrangers chaudement emmitouflés pour affronter un froid de -20°C.

Obscurité quasi totale pendant 147 secondes

Émergeant tout juste de quatre mois de nuit polaire, l'archipel perché à un gros millier de kilomètres du pôle Nord est ainsi retombé, en plein jour et pendant 147 petites secondes, dans une obscurité quasi totale.

De mémoire locale, dans des lieux pourtant habitués au ballet envoûtant des aurores boréales, on n'avait rarement vu plus beau. "C'est l'une des choses les plus spéciales que j'ai jamais vécues", s'est enthousiasmé Anne Lise Sandvik, 66 ans, dont 42 passés à Longyearbyen, le chef-lieu multicolore du Svalbard.

La météo a été moins conciliante aux Féroé, territoire autonome danois trônant au nord du Royaume-Uni, privant les observateurs de l'occultation totale du Soleil promise. Mais même cachée derrière les nuages, l'éclipse a fait forte impression.

"Le ciel était couvert et il s'est assombri. Il y a eu un choc collectif audible parmi les 300 personnes autour de moi", a témoigné auprès de l'AFP l'astrophysicien Ole Knudsen, qui dit avoir noté une chute "prononcée" - de "deux ou trois degrés" - de la température au passage de l'éclipse.

Il s'agissait de la dixième éclipse solaire totale depuis le début du siècle. Pour l'occasion, tout est affaire de distance et d'alignement : la Lune doit s'intercaler entre la Terre et le Soleil dans un axe parfait mais aussi à une distance suffisamment proche de notre planète pour que son diamètre apparent dépasse celui du Soleil.

Certains amateurs et professionnels ont contourné les aléas météo en embarquant dans des avions pour voler au-dessus des couches nuageuses.

"Nous avons vraiment eu une superbe expérience visuelle", s'est félicité John Valentin Mikkelsen, un des 50 Danois qui avaient pris place à bord d'un Boeing 737 affrété spécialement pour l'occasion.

Rendez-vous manqué

"Mais quand on est dans un avion, on ne ressent pas les changements de température comme quand on est à terre, ni le vécu dans la nature avec les oiseaux qui croient qu'il est temps de se reposer parce qu'il fait sombre", a-t-il dit, sans que cela entame son enthousiasme.

Pour l'immense majorité de la population, clouée sur le plancher des vaches ou n'ayant pas eu la chance d'être dans les régions les plus septentrionales de l'Europe, l'éclipse aura cependant été un rendez-vous manqué.

À Londres, où l'occultation était annoncée à 84 %, environ 500 personnes s'étaient réunies à Regent's Park, certaines équipées de télescopes sophistiqués, d'autres d'ustensiles rudimentaires faits maison.

Mais la météo a largement gâché la fête. Idem en France, où l'éclipse n'a été visible que dans le nord-est du territoire, et en Espagne.

L'éclipse sera suivie par de grandes marées samedi sur les côtes de l'Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord.

Avec AFP