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Droit à l’oubli bancaire : "Une grande victoire pour les anciens cancéreux"

La Fédération française des sociétés d'assurances a annoncé qu’un droit à l’oubli bancaire allait être appliqué pour les anciens malades du cancer. Ces derniers ne bénéficient pas des mêmes conditions d'emprunt que la majorité de la population.

Les personnes ayant guéri d'un cancer auront bientôt droit à l’oubli bancaire. En d’autres termes, tout ancien malade n'aura plus besoin de déclarer qu’il a souffert de cette maladie lorsqu'il souhaitera contracter un emprunt, selon une annonce faite, mardi 17 mars, par le président de la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA).

Car jusqu’à présent, outre les implications physiques, être atteint d’un cancer pouvait avoir des conséquences très concrètes sur les projets financiers d’une personne. En cause : la frilosité des assureurs envers ces individus considérés comme à risque. "Quand j’ai su que j’étais malade, la première chose que j’ai pensé c’est ‘comment je vais faire pour envoyer mon fils étudier à l’étranger ?’", explique à France 24 Céline Lis-Raoux, co-fondatrice de "Rose Magazine", un magazine féminin à destination des personnes touchées par le cancer.

Depuis 2007, les malades s’appuient sur la convention Areas qui permet d'obtenir une assurance sous certaines conditions, d'âge notamment, mais dans des termes parfois moins favorables que le reste de la population.

"La vie de centaines de milliers de personnes va changer"

Désireux de mettre un terme à cette double peine, le nouveau dispositif, toujours en cours de négociation, devrait reposer sur trois piliers : le droit à l'oubli concernera tout d'abord tous les cancers des enfants, puis les adultes, selon des modalités distinctes. Enfin, les progrès de la science et les avancées médicales devraient être pris en compte.

Ce dispositif – emblématique du troisième plan cancer lancé par François Hollande en 2014 - pourrait également figurer dans le projet de loi santé actuellement examiné en commission à l'Assemblée nationale, a indiqué sur RTL la ministre de la Santé Marisol Touraine.

"C’est une grande victoire pour les malades", s’est félicitée Céline Lis-Raoux, qui milite depuis plusieurs mois, au sein de Rose Magazine, pour ce droit à l'oubli. "Il y a 350 000 nouveaux cas de cancer par an, qui s’ajoutent aux cas déjà diagnostiqués les années précédentes. Ce dispositif va changer techniquement la vie de centaines de milliers de personnes", affirme-t-elle à France 24, tout en précisant attendre de voir les contours précis du dispositif.

Au cas par cas

Car la principale inconnue de la mesure reste le nombre d'années que devra attendre un patient après la fin du protocole thérapeutique avant de voir sa maladie "effacée" de la mémoire des banques. Ce délai dépend de la gravité du cancer.

"Nous allons partir d'un délai maximal. Ensuite, nous pourrons affiner les délais en fonction des cancers, grâce aux données que nous aurons à notre disposition", a déclaré Bernard Spitz, président de la FFSA, n’hésitant pas à comparer cette avancée à "une révolution copernicienne".

En rémission d’un cancer du sein "assez sérieux", Laurence, 43 ans, doit en ce qui la concerne attendre officiellement encore deux ans avant d’être considérée comme guérie. Peu optimiste, elle doute que le dispositif permette de réduire ce laps de temps.

Cette quadragénaire en instance de divorce, qui mène désormais une "vie tout à fait normale" et occupe "un emploi à temps plein", se heurte aux refus des banques pour un prêt immobilier de 40 000 euros. "Je n’ai aucune chance de l’obtenir, alors je tente de contracter un crédit à la consommation mais cela va me coûter deux fois plus cher."

Un constat amer : "C’est déjà compliqué de traverser ce genre de catastrophe qui a des répercussions graves sur la vie professionnelle et personnelle. Alors, lorsqu’on essaie de repartir sur des projets de vie et qu’il faut faire face à toutes ces difficultés, c’est désagréable…", dit-elle modestement. "C’est comme si la maladie nous poursuivait."

Tags: France, Cancer, Banques,