
La justice tunisienne a refusé lundi de remettre en liberté un animateur de télévision et un humoriste poursuivis pour usurpation d'identité, escroquerie et offense au chef de l’État. Ils seront jugés le 25 mars.
La justice reste inflexible en Tunisie. Le parquet a fait savoir que la cour avait refusé, lundi 16 mars, de remettre en liberté deux vedettes de l'audiovisuel. L'animateur Moez Ben Gharbia et l'imitateur Wassim Lahrissi sont poursuivis pour usurpation d'identité, escroquerie et offense au chef de l'État. Et ce, alors que la présidence a affirmé être étrangère à cette affaire.
La cour "a refusé la demande de remise en liberté déposée par l'avocat. Les accusations restent les mêmes", a annoncé lundi soir le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti.
Quelques heures plutôt, la défense avait déposé une demande en ce sens arguant que les accusés et l'un de leurs collaborateurs faisaient "du journalisme d'investigation sur une grande affaire de corruption".
Essebsi "ni plaignant, ni victime"
Leur avocat Fethi Mouldi, qui a refusé de divulguer de détails sur le dossier sur lequel enquêtaient ses clients, a par ailleurs confirmé la position de la présidence tunisienne qui affirme depuis vendredi n'avoir aucune responsabilité dans cette affaire. Elle "n'a absolument rien à voir dans cette histoire", le chef de l'État Beji Caïd Essebsi n'étant "ni demandeur, ni plaignant, ni victime", a-t-il dit.
"Le parquet a ratissé large" lorsqu'il a décidé des inculpations, a estimé l'avocat. Les trois accusés ont été placés en détention provisoire vendredi dans l'attente de leur procès le 25 mars.
Selon le parquet, Moez Ben Gharbia, qui est sur le point de lancer sa propre chaîne de télé, a demandé à l'imitateur de se faire passer pour le président Beji Caïd Essebsi lors d'une conversation téléphonique avec un homme d'affaires à la réputation sulfureuse.
Fethi Mouldi s'est dit convaincu que ses clients allaient être blanchis car le dossier de l'accusation ne contient, selon lui, "aucun plaignant, aucune victime, pas un sou n'a été demandé ou donné". Selon l'avocat, le dossier de l'accusation n'apporte aucune précision sur les éléments à charge contre les suspects, se bornant à faire état "d'informations policières".
Le parquet, contacté par l'AFP à plusieurs reprises, s'est refusé à tout commentaire, arguant du secret de l'enquête. L'offense au chef de l'État est passible de trois ans de prison (article 67 du code pénal), l'usurpation de titres de deux ans (article 159) et l'escroquerie de cinq ans d'emprisonnement (article 291). Mais la présidence tunisienne a souligné que "la liberté de la presse et d'expression (étaient) un acquis que le président de la République s'est engagé à défendre".
Avec AFP