logo

En RDC avec les rebelles rwandais qui abandonnent la lutte armée

Certains rebelles hutus des FDLR, las des combats contre l'armée congolaise dans les provinces du Kivu (RDC), ont préféré déposer les armes et rentrer au Rwanda. Reportage dans un camp de "démobilisation et réintégration" à Mutobo.

Ils ont passé environ vingt ans en brousse, dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), vivant du racket des populations locales. Aujourd'hui, ils en ont assez et ont décidé de déposer les armes. Eux, ce sont les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Le journaliste Thaïs Brouck les a suivis dans un camp de "démobilisation", à Mutobo, dans le nord du Rwanda, où le gouvernement tente de les réintégrer à la société civile.

Qui sont les FDLR ?

Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont un groupe armé formé dans les années 2000 pour défendre les intérêts des Hutus rwandais réfugiés en République démocratique du Congo.

Certains de ses chefs sont accusés d'avoir participé au génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda, qui fit 800 000 morts selon l'ONU, d’avoir commis depuis des années en toute impunité de graves exactions contre les civils congolais (viols, meurtres, pillages, enrôlements d'enfants-soldats) et de se livrer à de nombreux trafics, notamment d'or et de charbon de bois.

Considérablement affaiblis, les FDLR n'ont plus lancé d'attaques d'envergure contre le Rwanda depuis les années 2000, mais Kigali les considère toujours comme une menace stratégique pour sa sécurité.

"On vivait là où on ne peut pas cultiver, là où on ne peut pas avoir d'activités champêtres, ou d'autres activités. Alors c'était difficile pour trouver à manger, de quoi s'habiller ou même pour se soigner. C'était difficile de trouver tout cela"; a confié un ancien rebelle au micro de France 24.

>> À lire sur France 24 : "L'armée congolaise lance son offensive contre les rebelles hutus du FDLR"

Certains chefs des FDLR sont accusés d'avoir participé au génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda – qui fit 800 000 morts, selon l'ONU – avant de se réfugier dans l'est de la RDC, où ils sont accusés de graves crimes contre les civils (meurtres, viols, enrôlements d'enfants, pillages...)

Les rebelles suivis par Thaïs Brouck dans le camp de Mutobo ne sont pas inquiétés par la justice. Mais ils n'échappent pas à des cours de "vivre ensemble". "Je vais leur dire que ce ne sont pas des Hutus, ce ne sont pas des Tutsis, ce ne sont pas des Batwas [...] Mais que ce sont des Rwandais", explique l'un de leurs professeurs d'histoire, Vincent Gasana. Ils resteront trois mois dans ce camp, avec un objectif : tirer un trait sur les idéologies génocidaires.

Un chemin qui semble possible. "J'aimerais avoir de bonnes relations avec les personnes que je rencontrerai dans le pays, puis j'aimerais trouver du travail", confie Edward Kuradusenge, ex-rebelle des FDLR. Pour l'aider et l'encourager, le gouvernement lui  fournit un petit pécule et la possibilité de suivre une formation pour qu'il puisse redémarrer de zéro. "Ce retour au pays après vingt ans ne me fait pas peur. J'ai déjà eu l'autorisation de rendre visite à mes proches et tout s'est bien passé. J'ai été bien accueilli", ajoute-t-il.

Peu d'entre eux écoutent les rumeurs d'assassinats qui circulent dans le pays. "Lorsqu'on était dans les forêts [en RDC], on nous disait qu'au Rwanda il n'y avait pas de sécurité, que si on y [allait], on [serait] tués, ou emprisonnés. Mais j'ai constaté que ce ne sont que des mensonges", a précisé de son côté Iréné Hitayezu, un ancien rebelle.