logo

L’EI exécute un Arabe israélien soupçonné d'espionnage

Un Arabe israélien accusé par l'organisation de l'EI d’être un agent du Shin Bet a été abattu. Dans la vidéo diffusée mardi, l'un des jihadistes à l'écran serait le Français Sabri Essid. Il ferait partie de la famille de Mohamed Merah.

Dans une vidéo diffusée mardi 10 mars, un homme d’une vingtaine d’années, Muhammad Said Ismail Musallam, présenté comme étant un Arabe israélien travaillant pour le compte des services secrets de l’État hébreu, a été abattu par l'organisation de l'État islamique. Selon ses proches, Muhammad Said Ismail Musallam était parti faire le jihad en Syrie.

État islamique - Le demi-frère de Mohamed Merah menace la communauté juive et Israël

Sur la vidéo, il est visé par un enfant âgé d’une dizaine d’années, qui tient une arme à feu. À ses côtés se trouve un adulte supervisant l’opération, qui s’exprime en français. Selon David Thomson, spécialiste des mouvements jihadistes à RFI, il s’agirait de Sabri Essid, demi-frère de Mohamed Merah, responsable il y a trois ans, jour pour jour, de la tuerie de Toulouse et de Montauban. Figure du milieu salafiste radical toulousain, l'homme avait rejoint la Syrie fin mars 2014 avec sa famille.

"Des vérifications sont en cours" sur l'identité de cet homme, a dit à l'AFP une source policière, notamment pour savoir s'il s'agit bien de Sabri Essid. Cette source policière et une autre source proche du dossier font part de "ressemblances", mais "sans certitude". "Il y a des probabilités que ce soit bien lui", a estimé la source policière. "Des analyses sont en cours", a confirmé la source proche du dossier.

Précision de @Tooomap Sabri Essid demi-frère et non pas beau-frère de Mohamed Merah

— David Thomson (@_DavidThomson) 10 Mars 2015

"C’est un message pensé et réfléchi à l'adresse de la France et de la communauté juive", a précisé de son côté, Wassim Nasr, journaliste et spécialiste des mouvements jihadistes à France 24. Quelques minutes avant l’exécution, le jihadiste évoque en effet la récente attaque ayant visé des juifs en France. Il menace aussi de s'en prendre aux Israéliens et de conquérir Jérusalem.

Sabri Essid avait organisé l'enterrement de Merah en mars 2012. Son père avait épousé religieusement la mère du tueur au scooter. Sabri serait ensuite resté en contact avec Souad, la soeur de Merah. En mai 2014, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait déclaré qu'il existait "une forte présomption" que cette femme soit partie en Syrie avec ses quatre enfants. Et, comme le précise Wassim Nasr, l'âge d'un des enfants de Souad Merah pourrait correspondre au profil du jeune tueur de la vidéo.

#France comme je l'ai dit hier le choix d'un proche de M. #Merah & de la date anniversaire de ses attaques 11mars2012 n'est pas un hasard

— Wassim Nasr (@SimNasr) 11 Mars 2015

Le père de la victime dément l’affiliation de son fils aux services secrets israéliens

Le père de Muhammad Said Ismail Musallam avait démenti, en février l'affiliation de son fils aux services secrets isaréliens. Dans la revue en anglais de l'EI, "Dabiq", un article présentait le jeune homme de 19 ans comme un agent de l'agence du renseignement israélien.

"Mon fils est innocent. ISIS [l'une des appellations de l'organisation de l'EI] l'accuse parce qu'il a essayé de s'enfuir", avait-il déclaré à l'AFP, sans contester le fait que son fils avait interrompu son service civil israélien pour partir faire le jihad en Syrie.

À la suite de la diffusion de la vidéo mardi, le père du jeune homme exécuté a affirmé qu'il "ne savait rien". "Des gens nous appellent, nous disent que l'EI a diffusé une vidéo dans laquelle Mohammed dit qu'il travaille pour le Shin Bet [service de sécurité intérieure, NDLR] isarélien. Ce n'est pas vrai; mon fils ne travaille pas pour le Shin Bet. L'EI dit cela pour terroriser le monde", a-t-il ajouté.

"Il est mort, c'est un martyr. Mohamed n'était qu'un enfant, un bébé, il n'avait que 19 ans", a souligné son père qui affirme que son fils "n'était absolument pas pratiquant" et qu'il avait probablement été recruté sur Internet.

Le démenti du ministre Moshé Yaalon

Un porte-parole du Shin Beth avait affirmé que le jeune homme était parti le 24 octobre pour la Turquie, d'où il était passé en Syrie, et que, selon les informations israéliennes, il avait rejoint l'EI. Mais "de sa propre initiative et à l'insu de ses parents", selon le porte-parole.

Les services de sécurité israéliens ont fait état ces derniers mois d'Arabes israéliens tués dans les rangs d'organisations jihadistes, et ont annoncé en janvier l'arrestation de sept Arabes israéliens accusés de planifier la création d'une cellule de l'EI en Israël.

"Quelques dizaines d'Arabes israéliens se sont enrôlés au sein de l'État islamique et sont partis se battre (en Syrie et en Irak), certains d'entre d'eux ont été tués, d'autres arrêtés à leur retour ou avant de partir, mais il ne s'agit pas d'un phénomène répandu parmi les Arabes israéliens", a déclaré, mercredi 11 mars, le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon à la radio publique israélienne.

À propos de la vidéo diffusée mardi par le groupe État islamique, Moshé Yaalon a démenti ces allégations. "Cet Arabe israélien n'a rien à voir avec le Mossad ni une quelconque institution liée à la sécurité en Israël", a souligné le ministre.

Avec AFP