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Malgré les menaces de déprogrammation de "Timbuktu", le film multi-césarisé d'Abderrahmane Sissako a été projeté jeudi soir sous haute sécurité à Ouagadougou, à l'occasion du Fespaco où il a rencontré le succès du public.

Après les polémiques, le septième art a regagné ses droits. "Timbuktu" a non seulement été diffusé au Fespaco de Ouagadougou, malgré les menaces de déprogrammation qui ont plané sur le film, mais il a surtout récolté jeudi soir un tonnerre d'applaudissements.

"Pour moi, cette projection est une victoire en soi. C'est mon palmarès", a réagi son réalisateur Abderrahmane Sissako qui a dit n'avoir "jamais été aussi ému et bouleversé". "Timbuktu" "a fait le tour du monde, mais regardez l'accueil ici. À travers le Fespaco, c'est comme si toute l'Afrique regardait ce film", s'est écrié devant la presse le Mauritanien, protégé par des agents anti-terrorisme de la garde républicaine.

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Le long-métrage retraçant l’occupation jihadiste dans le nord du Mali entre 2012 et 2013 a attiré les foules au Burkina Faso. Les spectateurs sont venus plusieurs heures à l’avance et nombre d’entre eux n'ont pas pu accéder à la salle, surveillée par une trentaine de policiers.

Une projection sous haute sécurité

Patrouilles aux abords de la manifestation, fouille minutieuse des spectateurs, détecteurs de métaux : pour sa 24e édition, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou s'est vu doté d'un dispositif de sécurité inédit.

La diffusion de "Timbuktu" posait des "problèmes sécuritaires", selon le ministre de la Culture Jean-Claude Dioma. La production franco-mauritanienne multi-césarisée avait été officiellement retirée, jeudi 27 février, de la compétition officielle du Fespaco avant d’être reprogrammée. Aucune menace particulière n'avait été émise contre le Burkina Faso du fait de la projection du film.

Abderrahmane Sissako, s'était dit "consterné" par la perspective d'un retrait de son film. Le président Michel Kafando, qui avait apporté son soutien à la diffusion du film, n'était finalement pas dans la salle pour la visionner.

Le Fespaco, une photographie de la situation en Afrique

Le quatrième long-métrage du cinéaste mauritanien n’a pas forcément toujours été aussi bien accueilli. À Bamako, où il a été projeté une fois, le film n'a pas fait l'unanimité, certains lui reprochant d'édulcorer la réalité.

En France, bien que salué quasi-unanimement par la critique, la fiction a été l'objet d'une polémique. Un journaliste a vivement critiqué le réalisateur pour son poste de "conseiller culturel" de Mohamed Ould Abdel Aziz, le chef d'État mauritanien accusé d'accaparer les richesses de son pays.

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Mais au-delà des polémiques, le film avait toute sa place dans le festival qui se tient tous les deux ans au Burkina Faso depuis 1969. "Il y a des films sur la guerre, sur les problèmes religieux, politiques...", souligne Ardiouma Soma, son délégué général. Pour lui, le Fespaco est "une photographie de la situation de l'Afrique au cours de ces deux dernières années".

Avec AFP