
Retrouvé mort le 18 janvier, Alberto Nisman a été victime d'un homicide, affirme la magistrate et ex-femme du procureur, Sandra Arroyo Salgado. L'enquête officielle, elle, n'est pas encore terminée mais s'oriente plutôt vers un suicide.
Nouvel épisode du feuilleton qui pollue la fin de l'ère Kirchner : le procureur argentin Alberto Nisman a été tué. C’est du moins ce qu’a affirmé, jeudi 5 mars, Sandra Arroyo Salgado, magistrate et ex-femme de la victime qui mène une enquête parallèle dont elle vient de remettre les premiers éléments au parquet de Buenos Aires.
Le procureur a été retrouvé mort chez lui le 18 janvier, une balle logée dans la tête. Quatre jours avant, Alberto Nisman transmettait à la justice un dossier dans lequel il accusait la présidente Cristina Kirchner d'entrave dans l'enquête sur l'attentat contre la mutuelle juive de l'AMIA, qui avait fait 85 morts et 300 blessés en 1994.
"Nisman n'a pas eu un accident, ne s'est pas suicidé, ils l'ont tué, (…) Nous pouvons seulement conclure que Nisman a été victime d'un homicide, sans aucun doute", a affirmé jeudi, lors d'une conférence de presse à Buenos Aires, Sandra Arroyo Salgado. La veuve avait commandé ses propres expertises, rassemblées dans un rapport d'une centaine de pages remis au parquet.
Ce rapport officieux affirme entre autres que "le corps a été déplacé". En outre, "l'autopsie a donné lieu à des conclusions partiales, précipitées et erronées", favorisant "l'impunité du ou des meurtriers", a critiqué Mme Arroyo Salgado.
Ces conclusions contredisent la version officielle de la procureure, Vivian Fein. Son enquête sur la "mort suspecte" du magistrat n'est pas encore terminée mais s'oriente plutôt vers un suicide. Mme Fein a assuré que ces nouveaux éléments seraient confrontés aux expertises officielles, mais elle a d'ores et déjà accusé Mme Arroyo Salgado d"écarter des hypothèses". Lors d'un point presse devant le parquet, la procureure avait dit envisager de son côté un suicide, un suicide contraint ou un meurtre.
Fin de mandat mouvementée
Ce nouveau rebondissement suit une longue série de coups de théâtre judiciaires depuis qu'Alberto Nisman, 51 ans, a été retrouvé mort, un pistolet de calibre 22 à son côté, alors que son appartement était fermé de l'intérieur.
D'après lui, Mme Kirchner et des membres de son gouvernement auraient couvert de hauts dirigeants iraniens soupçonnés d'être les commanditaires d'un attentat, soupçonné d'avoir été commis par le Hezbollah libanais. Cette couverture, en échange de contrats commerciaux, aurait notamment concerné l'ancien président iranien Ali Rafsandjani.
Certaines de ces accusations ont été démontées entre temps, mais une majorité d'Argentins doutent que le procureur Nisman se soit réellement donné la mort. La présidente Kirchner elle-même a mis en cause un ancien responsable des services secrets. Le gouvernement n'a de cesse de dénoncer "une tentative de déstabilisation".
Cette affaire tombe en effet au plus mal pour Mme Kirchner, qui voit son deuxième et dernier mandat s'achever cette année, sans qu'aucun dauphin n'ait été clairement désigné dans la perspective de la présidentielle du 25 octobre.
Avec AFP