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Nucléaire iranien : le torchon brûle entre Obama et Netanyahou

Le discours de Benjamin Netanyahou, mardi devant le Congrès américain, est une épine dans le pied du président Barack Obama, qui défend un accord avec l'Iran sur son programme nucléaire. Le Premier ministre israélien ne cache pas son désaccord.

La mauvaise qualité de leurs relations n'est pas un secret. Barack Obama et Benjamin Netanyahou ne se sont jamais vraiment entendus, et la visite du Premier ministre israélien, qui n'a pas prévu de rencontrer le président américain, ne fait qu'attiser l'irritation de la Maison Blanche.

C'est que les démocrates américains voient d'un mauvais œil le choix de la date de cette visite, à quelques semaines des législatives en Israël et alors même que Washington essaie de conclure un accord avec l'Iran pour encadrer le programme nucléaire de la République islamique, ce à quoi Netanyahou s'oppose farouchement.

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Comble de l'affront, Benjamin Netanyahou doit s'exprimer, mardi 3 mars, devant le Congrès américain, à l'invitation des élus républicains et sans consultation avec la Maison Blanche.

Barack Obama a cependant tenu à souligner qu'il n'avait pas de "problème personnel" avec le dirigeant israélien. "D'un point de vue politique, nous pensons que c'est une erreur de la part du Premier ministre de n'importe quel pays de s'exprimer devant le Congrès, quelques semaines avant de se présenter à une élection", a-t-il expliqué, ne voulant pas donner l'impression que les États-Unis - où plus de cinq millions de juifs résident - soutiennent le Premier ministre israélien sortant dans sa campagne.

"Mission historique" pour faire échouer l'accord avec Téhéran

Plus que la politique interne israélienne, c'est la question du nucléaire iranien qui cristallise les tensions. Benjamin Netanyahou a fait clairement savoir qu'il ne soutenait pas l'initiative occidentale de traiter avec Téhéran. Il s'est même dit "en mission historique" en terre américaine pour torpiller l'accord. Il en va de la "survie" de l'État hébreu, a-t-il tonné lundi devant 16 000 délégués du puissant lobby pro-israélien Aipac (American Israel Public Affairs Committee).

"Benjamin Netanyahou a fait toutes sortes de déclarations", a critiqué Barack Obama dans un entretien à l'agence Reuters. "Cela allait être un très mauvais accord. Cela allait permettre à l'Iran de récupérer 50 milliards de dollars. L'Iran ne respecterait pas l'accord. Rien de cela ne s'est vérifié", a-t-il dénoncé.

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"À de nombreux égards, l'Iran a fait machine arrière sur certains éléments de son programme", a insisté le président américain qui veut, comme les autres pays du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), signer d'ici au 31 mars un accord politique définitif avec l'Iran.

Désaccord sur la méthode

Au moment même où Netanyahou s'exprimera devant les élus, républicains ou démocrates, dont nombre sont hostiles à la politique d'Obama sur l'Iran, les chefs des diplomaties américaine et iranienne, John Kerry et Mohammad Javad Zarif, se retrouveront en Suisse pour poursuivre les négociations en vue d'un accord.

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"Israël et les États-Unis sont d'accord pour que l'Iran n'ait pas d'armes nucléaires. Mais nous ne sommes pas d'accord sur la meilleure manière de l'empêcher de développer ces armes", a reconnu le dirigeant israélien.

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Bien que les deux côtés ont joué l'apaisement à l'arrivée de Netanyahou sur le sol américain, les deux parties campent sur leur position. La conseillère du président Barack Obama, Susan Rice, a enjoint lundi le Congrès à ne pas imposer de nouvelles sanctions contre l'Iran, pour préserver les chances d'un accord. Le Premier ministre israélien, même s'il a promis que son discours ne serait pas "irrespectueux", ne devrait pas manquer de critiquer devant les élus américains le rapprochement entre Washington et Téhéran.

Avec AFP