logo

Bouteflika renonce à des promesses de campagne à cause de la crise pétrolière

Confronté à une "sévère" crise liée à la baisse des cours du pétrole, à leur niveau le plus bas depuis six ans, le président algérien Abdelaziz Bouteflika est contraint de réformer l'économie, entièrement dépendante des hydrocarbures.

L’effondrement des cours du brut ces six derniers mois va-t-il soulever un vent de colère en Algérie ? C’est ce que redoute le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui s’est notamment servi de la rente pétrolière pour acheter la paix sociale et mettre son pays à l'abri des vents du "printemps arabe" en 2011.

La crise engendrée par la baisse du prix du pétrole, à son niveau le plus bas depuis six ans, est "sévère" et risque d'avoir des conséquences "imprévisibles", a admis Abdelaziz Bouteflika. Près d'un an après sa réélection pour un quatrième quinquennat, il est contraint de renoncer à certaines de ses promesses de campagne, comme le maintien promis des aides sociales et les financements publics accordés aux jeunes. 

Le gouvernement doit envisager des réformes de son économie, entièrement dépendante des hydrocarbures. Il a d'ores et déjà adopté un premier train de mesures d'austérité. Les recrutements dans la fonction publique ont été gelés, un contrôle rigoureux a été imposé au commerce extérieur et les projets jugés non urgents ont été reportés. Hormis une hausse des prix induite par une dépréciation de la monnaie locale, les effets ne sont pas pour l'instant visibles dans la vie quotidienne des Algériens. Mais ils risquent de se manifester si la crise persiste.

Dans le pays, 300 000 entreprises ne produisent rien

Pour l'économiste Abderahmane Mebtoul, "l'Algérie va droit au mur avec des tensions sociales de plus en plus aiguës, sans une révision de l'actuelle politique socio-économique". Selon lui, "le problème central stratégique pour l'Algérie entre 2015 et 2025, est de réaliser la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures".

"L'Algérie ne pourra pas tenir plus de trois à quatre ans sans recourir au Fonds monétaire international (FMI)", a de son côté parié l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie Abderahmane Hadj-Nacer lors d'une conférence publique.

Mi-février, le FMI avait aussi appelé l'Algérie à accélérer ses réformes économiques. "Une consolidation financière et économique est importante pour adapter les recettes et les dépenses de l'État à un prix du pétrole qui sera aux alentours de 50 et 70 dollars le baril au lieu de 100 dollars", avait estimé un haut responsable du FMI.

L'Algérie tire plus de 95 % de ses revenus externes de l'exportation des hydrocarbures et importe pour 60 milliards de dollars de produits et services. Sur 760 000 entreprises recensées dans le pays, 300 000 ne produisent rien, leurs activités se réduisant en réalité à des opérations d'importation, selon le Forum des chefs d'entreprise (FCE), principale organisation patronale en Algérie.

Avec AFP