
L'ancien guérillero "Pépé" Mujica a cédé, dimanche, sa place à la tête de l'Uruguay à Tabare Vazquez. Opposé à son prédécesseur sur le style comme sur le fond, le nouveau chef de l'État retrouve un poste qu'il avait déjà occupé entre 2005 et 2010.
Le charismatique président sortant de l'Uruguay, l'ancien guérillero José "Pépé" Mujica, a quitté son poste, dimanche 1er mars, et rendu les rênes du pouvoir à Tabare Vazquez. Élu le 30 novembre dernier avec 53,6 % des voix, ce dernier avait déjà été le chef de l'État entre 2005 et 2010 de ce petit pays qui interdit deux mandats présidentiels consécutifs.
Tabare Vazquez, un oncologue franc-maçon de 75 ans qui n'a jamais cessé d'exercer la médecine, affiche une sobriété qui contraste avec la truculence de son prédécesseur. José Mujica dit "Pépé" s’est en effet fait connaître dans le monde entier par son style inimitable - polo et bermuda, sandales aux pieds. Ce quasi-octogénaire a été surnommé le "président le plus pauvre du monde", en raison de son mode de vie ascétique, allergique au protocole et pour ses prêches anti-consuméristes.
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Au cours de ses cinq ans de mandat, il vivait toujours dans sa maison modeste des environs de Montevideo, où il a encore reçu dimanche matin le cinéaste Emir Kusturica, qui tourne un film documentaire sur lui.
Reversant presque 90 % de ses émoluments à un programme de logement social, il s'était fait remarquer pour avoir traité les dirigeants de la Fifa de "bande de fils de pute" au Mondial-2014 ou par ses déclarations peu amènes envers la présidente argentine Cristina Kirchner.
Douzième année de croissance économique
Il a remis à son prédécesseur un pays affichant sa douzième année de croissance économique consécutive. Mais il a reconnu les manquements de sa gestion et a déclaré cette semaine espérer que le futur gouvernement "ait beaucoup plus de réussite" que le sien. "Pépé" Mujica laisse ainsi en héritage d'imposants dossiers non résolus, comme l'amélioration des infrastructures, de la santé ou de l'éducation.
Sous sa présidence, l’Uruguay a toutefois connu des avancées sociales en autorisant l'avortement, ce à quoi Tabare Vazquez avait mis son veto, et le mariage homosexuel. Il est aussi devenu le premier pays au monde à légaliser la production et la vente de cannabis sous autorité de l'État.
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Avec AFP