Sur France 24, le président rwandais, de passage à Paris, a tenu vendredi un discours d’apaisement sur les relations entre son pays et la France. Kigali accuse pourtant régulièrement la France de complicité lors du génocide de 1994.
Le Rwanda n'a pas de "problème particulier avec la France". C'est en ces termes, que le président rwandais Paul Kagame a tenté, sur l'antenne de France 24, de dissiper tout malentendu sur les relations franco-rwandaises, vendredi 27 février. "Je ne crois pas qu'il y ait de problème", a-t-il déclaré, précisant toutefois que "les relations entre les pays peuvent toujours être améliorées". Interrogé sur une éventuelle visite officielle en France, le chef d’État a affirmé qu'il serait "ravi" de se "rendre en France à n'importe quel moment".
Lors de sa visite de vendredi, la première depuis 2011, Paul Kagame n’a rencontré aucun officiel et s’est simplement rendu à l’Unesco pour assister à une réunion consacrée aux technologies de l'information et de la communication.
Ces déclarations sont censées apaiser les tensions entre les deux pays, alors même que le Rwanda accuse régulièrement la France de complicité dans le génocide rwandais de 1994 qui a fait près de 800 000 morts, majoritairement parmi les Tutsis. En avril 2014, à l’occasion des commémorations du 20e anniversaire du génocide, auxquelles la France n'avait pas souhaité prendre part, Paul Kagame avait une nouvelle fois fustigé Paris pour sa "participation" aux massacres. Les autorités françaises rejettent vivement les accusations de Kigali, assurant que leurs forces n'avaient fait qu'œuvrer à la protection des populations civiles.
En mai 2014, comme le rappelle RFI, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait profité du New York Forum Africa, organisé au Gabon, pour demander au président rwandais "ce qui était précisément reproché à la France pour justifier de telles accusations". Une requête restée à ce jour lettre morte.
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Manifestations pro et anti-Kagame
La venue de Paul Kagame dans la capitale française n'est d'ailleurs pas passée inaperçue. Deux manifestations distinctes ont eu lieu aux abords du siège de l'organisation internationale, l'une d'opposants au président rwandais, l'autre de ses partisans.
itUne quarantaine d'opposants au président rwandais, ont manifesté aux cris de "Kagame criminel, Kagame assassin", et pour réclamer "la démocratie et le respect des droits de l'homme" au Rwanda, où le régime autoritaire ne laisse aucun espace de liberté à l'opposition. "Nous sommes là parce que la place de Kagame ne peut pas être dans les instances internationales mais devant un tribunal, pour répondre de sa responsabilité dans le génocide" de 1994, a déclaré à l'AFP Marcel Sebatware, venu de Belgique avec d'autres manifestants.
À quelques centaines de mètres de là, 70 à 80 personnes ont quant à elles manifesté pour souhaiter la bienvenue à Paul Kagame, brandissant des pancartes avec "Rwanda knows its own history" (le Rwanda connaît son histoire) ou "au Rwanda aujourd'hui c'est la fraternité et la résilience".
Avec AFP