Depuis l'annonce de la décapitation de 21 Coptes égyptiens par la branche libyenne de l'organisation de l'État islamique, le 15 février, près de 15 000 Égyptiens ont fui le pays. La Tunisie craint d'être confrontée à un afflux massif d'étrangers.
Depuis l'annonce de la décapitation de 21 Coptes par le groupe État islamique (EI), au moins 14 585 Égyptiens ont passé le poste-frontière de Salloum, qui sépare la Libye de l’Égypte, ont indiqué les médias égyptiens.
Le Caire avait appelé ses ressortissants à quitter la Libye, après la diffusion d’une vidéo, le 15 février, montrant l'exécution de 21 hommes que l’EI présente comme des Égyptiens de confession chrétiennes, des coptes. L'armée de l'air égyptienne avait ensuite bombardé des positions jihadistes en Libye et appelé à une intervention militaire internationale.
Il n’y a pas de statistiques officielles sur le nombre d’Égyptiens vivant en Libye, en raison du nombre important de travailleurs illégaux. La ministre égyptienne du Travail, Nahed Al-Ashri, a néanmoins estimé récemment qu’ils seraient entre 800 000 et 900 000. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime qu’entre 330 000 et 1,5 million d’Égyptiens travaillaient dans le pays jusqu’à la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
Coincés à la frontière
La traversée de la Libye étant impossible en raison de l'insécurité, un millier d'Égyptiens de l'ouest libyen ont été évacués via la Tunisie. Quelque 250 autres devaient monter lundi à bord d'un vol affrété par l'Égypte, selon une responsable au ministère du Transport tunisien.
Mais la Tunisie, qui craint un afflux massif d'étrangers en provenance de la Libye, bloque sa frontière. Tunis a annoncé qu'il ne laisserait entrer sur son territoire que les étrangers qui seraient immédiatement pris en charge par leur gouvernement.
Selon un responsable de la douane tunisienne, un nombre indéterminé d'Égyptiens attend toujours du côté libyen.
L’Égypte accusé d’avoir frappé des civils
Lundi, Amnesty International a dénoncé les frappes égyptiennes du 16 février en affirmant qu'elles avaient touché une zone résidentielle dans la ville de Derna, tuant sept civils dont six dans leur maison. "L'Egypte a rejoint les rangs de ceux qui mettent en danger les civils en Libye", a-t-elle dit en appelant à l'ouverture d'une enquête contre un acte "disproportionné". Human Rights Watch estime de son côté que les frappes aériennes ont tué au moins six civils.
La veille, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé que "13 cibles ont été touchées" durant ces raids et que "toutes ont été vérifiées avec soin". "Personne ne devrait penser que nous avons attaqué des civils". Un haut gradé libyen a fait état d'au moins 50 morts dans les raids mais il n'a pas été possible de confirmer ce bilan de source indépendante.
Avec AFP