
Pour son arrivée à la tête du groupe pharmaceutique Sanofi, le nouveau PDG Olivier Brandicourt va bénéficier d'un bonus de quatre million d'euros. Ce "golden hello" est jugé indécent par les syndicats et plusieurs membres du gouvernement.
Le nouveau directeur général du groupe pharmaceutique français Sanofi doit prendre ses fonctions le 2 avril prochain. Selon un document publié la semaine dernière sur le site de l'entreprise, il bénéficiera à cette date d'une indemnité forfaitaire brute de 2 millions d'euros, puis d'une indemnité équivalente en janvier prochain s'il est toujours en poste. Olivier Brandicourt va également percevoir un salaire annuel de 3 à 4 millions d'euros et 220 000 stock-options.
L'annonce de cette prime de bienvenue incitative, surnommée "golden hello", a rapidement suscité de nombreuses critiques. Les syndicats sont montés au créneau pour dénoncer ce bonus. Le représentant CFDT du groupe, Stéphane Galiné, l'a ainsi qualifié de "choquant". Olivier Brandicourt a "un bon CV, c'est un scientifique, un médecin qui connaît la recherche", a t-il reconnu tout en regrettant "qu'il ne vienne que pour des raisons bassement et purement financières". Son homologue de la CGT Thierry Bodin a de son côté jugé qu'il s'agissait d'une prime "scandaleuse" par rapport à ce que "vivent les salariés et chômeurs dans ce pays". Le représentant de la CGT n'a pas manqué de rappeler que Sanofi avait d'ailleurs "supprimé 5 000 emplois en six ans".
Une prime indécente pour le gouvernement
Interrogés à ce sujet, plusieurs membres du gouvernement se sont aussi montrès très agacés par cette prime de bienvenue. "C'est incompréhensible. Comment tous ces gens, qui expliquent que c'est le mérite, que c'est l'économie libérale, le risque, la prise de risque qui doivent faire les résultats, ces gens-là, à peine prennent-ils la tête d'une entreprise - c'est-à-dire qu'ils n'ont pris encore aucun risque - sont déjà assurés d'avoir une rémunération sans commune mesure ?", a ainsi réagi Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, sur RTL.
Interviewée sur BFM, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a aussi jugé anormal ce bonus et demandé plus de "décence" de la part des grands groupes. "En apprenant cette nouvelle, je venais de recevoir les ouvriers de l'abattoir près du Mont-Saint-Michel (d'AIM, NDLR) qui étaient vraiment désespérés, humiliés, méprisés, qui n'avaient aucune information sur ce qu'ils allaient devenir. (...) C'est inadmissible de traiter les ouvriers de cette façon-là. Et en revenant ici, qu'est-ce que j'apprends ? Un bonus de 4 millions d'euros pour un patron qui arrive à la tête d'une entreprise pharmaceutique", a-t-elle raconté, tout en ajoutant qu'elle espérait qu'Olivier Brandicourt renonce à ces quatre millions d'euros.
Avec AFP et Reuters