Un vent de liberté souffle sur Jaffna. Cet ancien bastion des Tigres tamouls, dans le nord du Sri Lanka, a été ravagé par 26 ans de guerre entre les rebelles tamouls et l'armée. Aujourd'hui, six ans après la fin des combats, Jaffna est en plein changement. Le train qui relie Colombo, la capitale, à la péninsule est de nouveau en service, la ville se reconstruit et les habitants peuvent se déplacer librement. Mais partout, l'armée reste présente. Nos reporters se sont rendus sur place.
Les visas journalistes pour se rendre dans le nord du Sri Lanka sont quasi impossibles à obtenir. En décembre 2014, alors que nous commençons à tourner notre reportage, le pays est en pleine campagne électorale pour l'élection d'un nouveau président. Tout étranger désirant entrer dans la Province Nord, peuplée majoritairement de Tamouls, doit obtenir une autorisation du ministère de la Défense sri-lankais... Nous sommes donc entrés à Jaffna comme simple touristes.
Sur place, le tournage n'a pas non plus été simple. Les services secrets, traditionnellement sceptiques à l'encontre des journalistes occidentaux, restent très actifs à Jaffna. Si la ville est en pleine reconstruction et la région connaît un développement économique sans précédent, les stigmates de la guerre sont encore visibles et les discriminations perdurent.
À Jaffna, nous avons rencontré des personnes âgées qui se souviennent, mais aussi des jeunes qui veulent aller de l'avant. D'anciennes combattantes des Tigres tamouls qui ont réussi à changer de vie, mais aussi des réfugiés tamouls qui vivent dans des camps. Des victimes des mines qui avaient été éparpillées dans les champs, ou encore des journalistes qui vivent dans la peur.
Depuis la fin de notre tournage, le Sri Lanka est peut-être à un tournant de son histoire : un nouveau président, Maithripala Sirisena, partisan de la réconciliation avec les Tamouls, a été élu, début janvier. Quelques jours après son élection, le nouveau chef de l'État a annoncé que les terres confisquées aux Tamouls par l'armée allaient leur être rendues et que des prisonniers tamouls seraient libérés. Le Sri Lanka pourrait enfin tourner définitivement la page de la guerre civile et emprunter le chemin de la réconciliation.