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Vidéo : l'offensive congolaise contre les rebelles hutus rwandais se fait toujours attendre

Alors que Kabila et l'ONU ont rompu leur coopération dans la lutte contre les FDLR, rebelles hutus rwandais implantés dans l'est de la RD Congo, l'offensive, officiellement lancée le 29 janvier, n'a pas réellement commencé sur le terrain.

Nouveau bras de fer entre l’ONU et le gouvernement congolais. Le 16 février, le président Joseph Kabila a annoncé renoncer à tout soutien des Nations unies pour mener une offensive armée contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ces rebelles hutu rwandais implantés depuis 1994 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). 

Qui sont les FDLR ?

Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont un groupe armé formé dans les années 2000 pour défendre les intérêts des Hutus rwandais réfugiés en République démocratique du Congo.

Certains de ses chefs sont accusés d'avoir participé au génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda, qui fit 800 000 morts selon l'ONU, d’avoir commis depuis des années en toute impunité de graves exactions contre les civils congolais (viols, meurtres, pillages, enrôlements d'enfants-soldats) et de se livrer à de nombreux trafics, notamment d'or et de charbon de bois.

Considérablement affaiblis, les FDLR n'ont plus lancé d'attaques d'envergure contre le Rwanda depuis les années 2000, mais Kigali les considère toujours comme une menace stratégique pour sa sécurité.

D eux jours avant, les Nations unies avaient, de leur côté, annoncé mettre fin à leur soutien à l’opération lancée par Kabila. La raison : Kinshasa a dépassé la date limite du 13 février, imposée par l’ONU, pour remplacer deux généraux accusés d'être impliqués dans de graves violations des droits de l'Homme . Soucieuses d'imposer leur souverainté, les autorités congolaises arguent qu’il faudrait que ces deux hommes fassent l'objet d'une "condamnation par la justice militaire" pour être écartés.

L’ONU et Kabila n’en sont pas à leur premières passe d’armes autour de cette opération contre les rebelles rwandais. Le 29 janvier, l'armée congolaise avait annoncé qu'elle lançait, seule, l'offensive contre les FDLR, ne disant attendre de la Monusco (Mission de l’ONU au Congo) qu’un soutien logistique et stratégique.

>> À lire sur France 24 : "L’armée congolaise lance son opération contre les rebelles hutus des FDLR"

Mais sur le terrain, les Forces armées de RDC (FARDC) n’ont toujours pas déclenché la moindre offensive. Dans les villages de l’est de la RDC,  la vie suit son cours et l es rebelles hutus continuent de vivre  au milieu des civils congolais et des réfugiés rwandais. Si la perspective d’une opération inquiète tout le monde, les militaires en poste dans la zone ne semblent pas se préparer à une quelconque intervention. "Tout est détendu, et calme. Il n'y a aucun problème", avoue à France 24 un officier FARDC en caméra cachée.

Kabila veut-il lutter contre les FDLR ? 

Kabila a-t-il réellement l’intention de désarmer les FDLR comme il l’affirme ? D’aucuns en doutent. Dans les villages, on raconte que les rebelles hutus ont mis en place une série de trafics dans la région et qu’ils bénéficient du soutien des militaires congolais. "Les FARDC n'entrent pas dans la forêt pour couper les arbres, mais ils facilitent les FDLR pour aller vendre leurs produits finis : le charbon, le  makala, et les planches. Les FDLR vendent et ils remettent ensuite un pourcentage à l'armée congolaise", témoigne un homme sous couvert d’anonymat.

Kinshasa, qui promet de poursuivre coute que coûte cette opération - tout en prévenant qu'elle pourrait prendre "entre un mois et dix ans", selon le porte-parole du gouvernement Laurent Mendé - tergiverse depuis des mois sur la question du désarmement de la milice rwandaise. La rébellion est présente depuis vingt ans dans le pays et ne compterait plus aujourd’hui qu'environ 1 500 à 2 000 combattants, disséminés essentiellement au Nord et au Sud-Kivu.

Si plusieurs chefs des FDLR sont accusés d'avoir participé au génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, l a milice n'a plus lancé d'offensive sérieuse contre le Rwanda depuis le début de la décennie 2000. Elle est en revanche régulièrement accusée d'organiser des crimes et violations contre les civils congolais et de tirer ses ressources de trafics de minerais ou de bois dont les Kivus regorgent, avec la complicité locale de certains officiers congolais.