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Le Liberia a décidé de rouvrir ses écoles après sept mois de fermeture due au virus Ebola. Une rentrée timide dans la capitale Monrovia, et qui ne fait pas l’unanimité : beaucoup estiment que le pays n’est pas prêt.

Élèves et professeurs l’attendaient depuis juillet 2014. La rentrée scolaire a bien eu lieu le lundi 16 février dans la plupart des 5 000 écoles du Liberia. Une date déjà repoussée à maintes reprises. Les autorités libériennes peinaient en effet depuis plusieurs mois à fixer une date pour leur réouverture. La présidente Ellen Johnson Sirleaf avait même évoqué des "coûts prohibitifs" pour le fonctionnement des écoles.

D’abord évoquée pour le 2 février, puis fixée au 2 mars, c’est finalement ce 16 février qu’une grande majorité des écoles publiques ont rouvert leurs portes sur décision du ministre de l’Éducation jeudi 12 février.

Lundi matin, beaucoup d’étudiants ont toutefois trouvé porte close en arrivant devant leur établissement. "Il y a eu peu d’écoles ouvertes [dans la capitale] Monrovia" a expliqué à France 24 Wade Williams, une journaliste libérienne pour Front Page Africa. "Beaucoup ont gardé le 2 mars comme date d’ouverture définitive". Un travailleur humanitaire explique qu'environ 40% des écoles ont ouvert leurs portes lundi matin.

Les habitants de Monrovia se disent soulagés après plusieurs mois de confinement dûs à l’épidémie d’Ebola. "C’était une grande joie de voir ces quelques enfants retrouver le chemin de l’école, le signe que la confiance revient" explique Senga Omeonga, un docteur de Monrovia qui avait lui-même contracté le virus avant d’en guérir.

5 000 kits d’hygiène distribués

La Guinée, la Sierre Leone et le Liberia se donnent deux mois pour stopper l’épidémie d’Ebola

La Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, les trois pays les plus touchés par l'épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest, ont annoncé lundi s'être fixé pour objectif d'en finir avec l'épidémie, dans un délai de deux mois.

"Nous nous donnons 60 jours, soit jusqu’au 15 février, pour éradiquer l’épidémie" ont annoncé les trois pays dans un communiqué.

Cette déclaration intervient alors que l'OMS a  rapporté sur son site internet que le nombre de nouveaux cas était en augmentation pour la deuxième semaine consécutive, avec 144 nouvelles contaminations signalées dans la première semaine de février dans ces trois pays.

Alors que l’épidémie n’est toujours pas totalement endiguée selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) (voir encadré), la peur d’une recrudescence de cas s’est faite ressentir lundi matin. "Il y a chez certains parents une crainte, raconte Senga Omeonga, mais c’est une minorité. Globalement, j’ai le sentiment qu’ils ont confiance en les mesures prises par le gouvernement".

L'État n’a en effet pas lésiné sur les moyens, puisque 5 000 kits anti-Ebola ont été distribués dans les écoles de Monrovia, et les professeurs formés aux premiers réflexes pour réagir aux cas suspects de fièvre hémorragique.

Par ailleurs, le gouvernement a demandé aux directeurs d’écoles de veiller à ce qu’il n’y ait pas plus de 50 élèves dans les classes, notamment pour pouvoir espacer les bureaux et éviter les contacts entre les élèves. 

>> À relire sur France 24 : Le Liberia ne compte plus que cinq cas confirmés

"Ouverture à la hâte"

Mais ces mesures ne satisfont pas tout le monde. Selon le principal de la NV Massaquoi elementary and Junior High School, l’une des principales écoles du bidonville de Westpoint à Monrovia, son établissement, réquisitionné comme centre de traitement au plus fort de l’épidémie, a "besoin d’une rénovation totale parce que des malades y sont morts ". Sur RFI, il explique que les gens appellent son école "l’école Ebola" et qu’il faudrait "brûler tout ce qui est dedans" pour restaurer la confiance des parents.

Dans d’autres écoles, ce n’est pas la peur du virus, mais le délai qui est dénoncé. "Après des mois de fermeture, on donne seulement quelques semaines aux parents pour organiser le retour de leur enfant à l’école. Où vont-ils trouver l’argent pour acheter le matériel nécessaire par les temps qui courent ? s’emporte John Dio Kimber, un parent d’élève d’une grande école de Monrovia. Beaucoup de parents ont le sentiment que cette ouverture des écoles a été faite à la hâte et que rien n’est vraiment prêt. Seuls les enfants de riches peuvent se le permettre".

Le Liberia est le deuxième pays à officiellement rouvrir ses écoles après la Guinée, où la rentrée a eu lieu le 19 janvier. La Sierra Leone, dernier pays durement touché par l’épidémie, prévoit pour sa part de rouvrir ses établissements scolaires en mars. Dans ces trois pays d’Afrique occidentale, le bilan de l’épidémie d’Ebola dépasse les 9 000 morts, selon les chiffres publiés vendredi 13 février par l’OMS.