![Une histoire de cacahuètes mène une riche héritière sud-coréenne en prison Une histoire de cacahuètes mène une riche héritière sud-coréenne en prison](/data/posts/2022/07/20/1658295957_Une-histoire-de-cacahuetes-mene-une-riche-heritiere-sud-coreenne-en-prison.jpg)
Cho Hyun-ah, fille du puissant patron de la compagnie aérienne sud-coréenne Korean Air, a été condamnée à un an de prison. Sa crise à bord d’un avion à cause d'un paquet de cacahuètes mal servi avait choqué le pays.
Après la princesse au petit pois, l’héritière aux cacahuètes. Cho Hyun-ah, la fille du très puissant patron de la compagnie aérienne Korean Air, a été condamnée par un tribunal de Séoul à un an de prison ferme pour une histoire d’arachide. Elle paie ainsi le prix fort pour un caprice à bord d’un avion qui avait profondément choqué la Corée du Sud. Elle hésite à faire appel.
Le 5 décembre 2014, Cho Hyun-ah, qui était à l’époque vice-présidente la compagnie aérienne de son père, a obligé un vol New York-Séoul à faire demi-tour pour débarquer un steward qui avait eu l’outrecuidance de présenter à la dame des cacahuètes dans leur emballage. Le règlement de Korean Air prévoit que ces petits amuse-gueules doivent être apportés aux passagers dans une coupelle.
"Comme des esclaves féodaux"
Ce crime de lèse-Korean Air a mis Cho Hyun-ah dans un tel état qu’elle a attaqué le pauvre steward avec le manuel de bord après l’avoir copieusement insulté. Le jeune homme a précisé, durant le procès, que la fille du patron avait poussé l’humiliation jusqu’à le forcer à s’agenouiller et à lui demander pardon. La vice-présidente avait, ensuite, parachevé son portrait de l’héritière colérique et irrespectueuse en exigeant que l’avion, sur le point de décoller, fasse demi-tour pour rejoindre le terminal. C’est cette dernière lubie, considérée comme une modification illégale du plan de vol, qui risque de lui valoir un passage prolongé par la case prison.
"Elle a traité les employés comme des esclaves féodaux, sans le moindre respect pour les autres être humains", a affirmé le juge sud-coréen pour justifier sa décision. Il a ainsi résumé le sentiment général de la population à l’égard de Cho Hyun-ah.
Dans un pays où les "chaebols" - les grandes entreprises familiales - ont une influence considérable sur la vie publique, cet incident a exacerbé l’hostilité contre ces dynasties toutes puissantes. L’arrogance de Cho Hyun-ah a très rapidement été assimilée par les médias et l’opinion publique à l’expression du sentiment d’impunité de cette caste dirigeante.
Une famille à la réputation peu flatteuse
C’était la cacahuète de trop. L’héritière a bien tenté de calmer le ressentiment populaire en présentant des excuses publiques et en annonçant qu’elle abandonnait toutes les responsabilités qu’elle exerçait au sein de Korean Air. Son père a lui aussi fait des excuses au pays et a qualifié la crise de sa fille de "folie". Il s’est également rendu personnellement au domicile du steward maltraité.
Cela n’a pas suffi. Il faut dire que la famille traîne déjà une réputation des moins flatteuses. Cho Hyun-ah est accusée d’avoir mis au monde son fils à Hawaï dans le seul but de lui donner la nationalité américaine afin qu’il ne soit pas obligé, plus tard, de remplir certaines obligations civiques comme le service militaire. La police s’est aussi intéressée à son frère, Won-tae, qui a été soupçonné, en 2005, d’avoir poussé et blessé une vieille femme. Le grand-père, Cho Yang-ho a été condamné pour évasion fiscale en 2000.
La condamnation de Cho Hyun-ah, même si elle est plutôt modeste au regard des trois ans de prison demandés par le procureur, montre que les "chaebols" ne jouissent plus d'une telle impunité. "Les lois deviennent de plus en plus strictes", explique au "Financial Times" un spécialiste de ces grandes familles. Il affirme que les dynasties économiques sud-coréennes "vont devoir évoluer sous peine de disparaître".