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Plusieurs hashtags sur Twitter permettent de mesurer à quel point les internautes ont l’impression que les médias n’ont pas suffisamment parlé du meurtre, mardi, de trois musulmans aux États-Unis.
Deux jours après le meurtre de trois jeunes Américains de confession musulmane à Chapel Hill, en Caroline du Nord, la colère d’internautes dénonçant le silence médiatique ne retombe pas. Le hashtag #chapelhillshooting continuait, jeudi 12 février, d’être parmi les trois mots-clefs les plus utilisés sur Twitter.
L'autre hashtag qui cartonne, #MuslimLiveMatters, est une référence directe à #BlackLiveMatters, qui avait enflammé Twitter après le meurtre du jeune noir Michael Brown à Ferguson.
“Même les chiens robots ont droit à du temps d’antenne sur CNN”
This is how the media portray a shooting incident.... #ChapelHillShooting pic.twitter.com/uD0x7rayYc @hafidz_ary
— Lambanerz (@lambaners) 12 Février 2015“On ne devrait pas spéculer sur le mobile des meurtres. Mais quel est le mobile pour l’absence de couverture médiatique ?”, se demande sur Twitter le professeur américain de droit Khaled Bey. Un autre s’indigne que “sur CNN même les chiens robots ont droit à du temps d’antenne et pas les victimes de la fusillade de Chapel Hill”.
L’indignation, particulièrement forte aux États-Unis, s’est propagée à travers le monde. Dans plusieurs pays arabes, comme l’Égypte et l’Arabie Saoudite, les hashtag تشابل هيل# (Chapel Hill) et مجزرة_تشابل_هيل# (massacre de Chapel Hill) étaient utilisés dans la plupart des messages critiquant la réaction des médias américains.
La plupart de ces internautes dénoncent le “deux poids, deux mesures” qui leur semble de mise dans le traitement médiatique de l’information. “Un tireur musulman = un terroriste, un tireur noir = un voleur, un tireur blanc = juste une dispute pour une place de parking”, ironise Sally Kohn, journaliste et éditorialiste pour la chaîne CNN et le site The Daily Beast. Les enquêteurs ont, en effet, évoqué la piste d’une brouille sur un parking qui aurait dégénéré.
Un fait divers d’une “effroyable banalité”
"@Khushi7Ahmed: Can we NOW have media-coverage of the murder? #ChapeHillShooting #MuslimLivesMatter pic.twitter.com/X1RPthoUpD"
— MuhammadAnjumKiani (@AnjumKiani) 11 Février 2015Même si les circonstances précises de cette tragédie n’ont pas encore été officiellement établies, il ne fait aucun doute aux yeux des internautes indignés que l’auteur de ce triple meurtre, Craig Hicks, était islamophobe. Il était connu sur Facebook pour défendre un athéisme virulent et s’en prenait avant tout à l’islam, mais aussi au christianisme à l’occasion.
En France, les parallèles avec l’attentat du 7 janvier contre “Charlie Hebdo” n’ont pas tardé à se faire. “Où sont les ‘Charlie’ ?”, peut-on lire régulièrement sur les réseaux sociaux. Les internautes regrettent que tous ceux qui, par solidarité, clamaient “être Charlie”, ne sont plus grand chose lorsque les victimes sont musulmanes. “Je suis Deah Barakat, 23 ans, je suis Yusur Abu-Salha, 21 ans, je suis Razan Abu-Salha, 19 ans” est un dérivé du slogan “Je suis Charlie” qui revient également souvent depuis le meurtre de ces trois musulmans.
Mais certains observateurs estiment que les internautes se trompent de combat. “Le temps de réaction des médias américains n’est pas dû à l’origine des victimes mais à une effroyable banalité des faits”, assure ainsi Jacques Cardoze, correspondant de France Television à Washington. Il rappelle qu’un triple meurtre n’est malheureusement pas rare aux États-Unis (plus de quatre homicides par jour en moyenne font plus d’une victime) et que la dimension potentiellement raciste de l’affaire n’était pas établie dès le départ.
Toujours est-il qu'au lendemain de la tragédie, la machine médiatique s’est, tout de même mise en branle. Du “New York Times” à la BBC britannique, la plupart des publications et chaînes de télévision ont étoffé leur couverture éditoriale de ce triple meurtre.