
Décédé mercredi à Paris, Roger Hanin sera inhumé à Alger, sa ville natale et "éden blanc" d’un pays dont il a, toute sa vie durant, chanté les louanges. "L’Algérie ne me doit rien, mais moi je dois à l’Algérie", écrivait l’acteur en 1999.
"Je viendrai bientôt". C’est par cette promesse que Roger Hanin conclut le texte qu’il consacra à l’Algérie en 1999 pour le quotidien français "L’Humanité". Plus qu’une tribune, une déclaration d’amour au pays qui le vit naître en 1925 mais qui, en ces années de guerre civile, lui paraissait tant éloigné de ses souvenirs d’enfance. "L’Algérie ne me doit rien, mais moi je dois à l’Algérie, écrivait-il. Je dois d’y être né, d’un père d’Aïn-Beïda, d’un grand-père et de toute une lignée venue de la basse Casbah. Je dois à l’Algérie d’avoir vécu de soleil, d’avoir été nourri de son amour pudique et braillard, excessif et profond, ensemencé des cris de la rue, où j’ai appris la vie, la lutte, la fraternité…"
L’attachement viscéral que le comédien, décédé mercredi 11 février, à Paris à l'âge de 89 ans, témoignait pour l’Algérie - "mon pays" comme il disait - était connu de tous. En premier lieu des autorités d’Alger, qui n’ont pas hésité à affréter, jeudi, l’avion du président algérien Abdelaziz Bouteflika afin de "rapatrier" sa dépouille.
À sa demande, Roger Hanin sera donc inhumé à Alger, sa ville natale, au cimetière Saint-Eugène où repose déjà son père. Converti au catholicisme à la faveur d’un mariage en seconde noce avec Christine Gouze-Renal, sœur de Danielle Mitterrand, l’acteur aimait à rappeler son héritage judaïque. "Mon père s'appelle Joseph Lévy. Ma mère Victorine Hanin. À l'origine, c'était Ben Hanine. C'est une fille Azoulay. Je suis 100 % casher sur le plan génétique. Je suis fils de communiste et petit-fils de rabbin. Je me sens très juif", disait-il.
"L’Algérie n’est pas un pays de chaos"
Profondément attaché à ses racines, Roger Hanin avait quitté en l’Algérie en 1948 mais ne manquait jamais une occasion d’évoquer "l’éden blanc de soleil, parfumé d’eucalyptus et de jasmin" de ses vertes années, comme le rappelle le journal algérien "El Watan". "Pour le grand gaillard qu’il était, Alger aura été, jusqu'à la dernière minute de sa vie, sa ville de cœur et son port d’attache auquel s’amarraient tous ses sentiments et toutes ses peines", peut-on lire sur le site du quotidien.
Homme de gauche, le beau-frère de François Mitterrand n’était pas seulement connu pour ses rôles au cinéma ou à la télévision. Son engagement contre l’injustice et le respect des droits humains avait également forgé sa réputation de grande gueule au grand cœur. Aussi lors des "années de braise" qui secouèrent l’Algérie, il prit la plume pour dénoncer les horreurs commises par les islamistes, tout en déclarant sa flamme au pays.
"Il ne faut plus que l’Algérie éloigne d’elle, par la terreur qu’elle inspire, ceux qui voudraient lui dire leur amour et leur fidélité. Il faut rendre, de nouveau, l’Algérie fréquentable, en y allant ; prouver que l’Algérie n’est pas un pays de chaos, mais une terre noble qui ne refuse pas la fraternité et appelle le courage partagé", espérait-il, toujours dans "L’Humanité". Une "terre noble" qu’il a voulu retrouver pour l’éternité.