
Chef de file de l'opposition malaisienne et héraut de la lutte anticorruption, Anwar Ibrahim a vu sa condamnation à cinq ans de prison pour sodomie confirmée, mardi. Une sentence visant à compromettre son avenir politique, selon ses partisans.
Anwar Ibrahim, figure de l’opposition en Malaisie, a vu sa condamnation à cinq ans de prison pour sodomie confirmée par la Cour fédérale, mardi 10 février. Le dirigeant, âgé de 67 ans, a toujours contestés les faits, considérés comme un crime passible d'une peine maximale de 20 ans dans ce pays à majorité musulmane.
L'opposant avait été condamné en 2014 à une peine de cinq ans d'emprisonnement pour sodomie. Au cours de l'audience mardi, le procureur de la Cour fédérale avait requis une peine supérieure à cinq ans.
La confirmation de la condamnation d'Anwar Ibrahim, accusé d'avoir sodomisé un ancien conseiller, a stupéfait la salle d'audience comble, où se trouvaient de nombreux responsables de l'opposition, des journalistes et des membres de sa famille.
C'est la deuxième fois qu'il est condamné pour des faits de sodomie depuis qu'il est passé dans l'opposition. Anwar Ibrahim avait déjà été relaxé en 2012 par un tribunal. Mais l'État malaisien avait fait appel et l'opposant avait de nouveau été condamné.
Affaire "politique"
L'opposant, qui a saisi la Cour fédérale, a mis en cause à plusieurs reprises l'actuel Premier ministre, Najib Razak, l'accusant de chercher à le faire ainsi disparaître de la scène politique. Ce dernier a démenti toute implication dans cette affaire.
Des opposants et critiques du gouvernement malaisien répètent depuis longtemps que cette affaire vise à détruire Anwar Ibrahim pour l'écarter définitivement de la scène politique. John Malott, qui fut ambassadeur des États-Unis en Malaisie à la fin des années 1990, lorsque l'opposant est tombé en disgrâce après avoir été vice-Premier ministre, avait déclaré avant l'audience de mardi que cette affaire était "politique" et que l'objectif était d'"éliminer Anwar en tant que force politique en Malaisie".
L'affaire examinée mardi remonte à 2008, année où l'opposition dirigée par Anwar Ibrahim avait remporté un succès sans précédent aux législatives, entamant pour la première fois la suprématie de la coalition au pouvoir depuis plus d'un demi-siècle en Malaisie.
Succession de démêlés judiciaires
Son calvaire judiciaire a commencé en 1998, lorsqu'il était le bras droit du Premier ministre de l'époque, Mahathir Mohamad. Limogé de son poste de vice-Premier ministre pour avoir osé dénoncer la politique économique protectionniste du gouvernement en pleine crise asiatique, il est arrêté puis emprisonné quelques semaines plus tard.
Anwar Ibrahim est condamné en 1999 à six ans de prison pour corruption et sodomie, des charges vigoureusement contestées par l'intéressé. L'affaire provoque les plus importantes manifestations antigouvernementales dans ce pays de 28 millions d'habitants. Par la suite, il est blanchi de l'accusation de sodomie.
Après sa libération, il devient un dirigeant charismatique de l'opposition, qui enregistre sous sa houlette des gains sans précédent aux élections, en promettant de mettre fin à la corruption et aux atteintes aux libertés dans le pays.
Avec AFP